Quand le mobile pilote la carte bancaire

Publié le 10 juin 2013 par Patriceb @cestpasmonidee
Dans la recherche des usages uniques du téléphone mobile dans le domaine bancaire, les établissements américains avaient déjà imaginé le dépôt de chèques à distance, qui n'a pu être répliqué ailleurs faute d'une réglementation appropriée. Une nouvelle tendance aura peut-être plus de chances, cette fois, de s'exporter : le contrôle d'utilisation de la carte bancaire sur smartphone.
Comme il se doit avec une innovation en émergence, les implémentations sont variées, des plus simples aux plus riches. Un article de la revue American Banker en fournit un petit tour d'horizon. A un niveau presque trivial, souvent présente aussi dans les approches élaborées, figure la possibilité de recevoir une notification pour chaque dépense réalisée avec la carte bancaire. Grâce à celle-ci, le porteur peut identifier presque immédiatement les fraudes en cours et prendre rapidement les mesures qui s'imposent.
Dès lors, l'étape suivante vient naturellement à l'esprit : le bouton d'activation de la carte, qui commence à se répandre outre-Atlantique. D'un geste du doigt, le mobinaute peut bloquer ou autoriser les transactions. Selon les cas, le blocage peut affecter toutes les opérations ou une partie seulement (par exemple, les dépenses récurrentes, pour un abonnement, pourraient rester actives).
Une fois ce pas franchi, il est facile d'imaginer des options de plus en plus complètes, telles que celles que propose City Bank Texas (à ne pas confondre avec Citi) : augmentation temporaire de la limite de retrait dans les GAB ("Guichets Automatiques de Banque") ou du plafond d'achats, autorisation d'utilisation dans les pays étrangers... Dans un mode différent, ce peut être aussi, comme le prépare Bank of America, une simple indication d'un déplacement, permettant d'ajuster les algorithmes de lutte contre la fraude.

Les motivations pour ajouter de telles fonctions aux applications mobiles sont multiples. Tout d'abord, elles apportent un surcroît de confort aux clients, qui peuvent ainsi facilement contrôler les paramètres de leur carte, sans avoir à appeler la banque ou à se rendre dans une agence. Bien entendu, cet argument bénéficie aussi à l'institution qui va de ce fait réduire ses coûts de support (sur des interactions à faible valeur ajoutée, qui plus est).
La sécurité devrait également s'en trouver sensiblement améliorée, que ce soit par la rapidité avec laquelle le consommateur peut bloquer toute transaction après la première opération frauduleuse détectée ou, plus prosaïquement, par la capacité offerte à désactiver, par prudence, une carte égarée, qu'il suffira de réactiver une fois qu'elle sera retrouvée. A minima, le simple fait, pour le client, de se savoir aux commandes de sa carte est un facteur de confiance incomparable.
Et il s'avère que beaucoup d'utilisateurs sont largement enclins à participer à la protection de leurs moyens de paiement, pour peu qu'il leur en soit donné la possibilité. Comme le montrent les quelques chiffres d'usage disponibles, tous ne profiteront pas de l'opportunité. Mais l'exemple de City Bank fait ressortir un recours régulier aux fonctions offertes, prouvant sa pertinence pour une part non négligeable de la clientèle.
Ces innovations sont loin d'être anodines : dépassant les outils de banque mobile classiques qui ne font que reproduire des services existant depuis longtemps, elles représentent les prémices des futures générations de solutions, conçues spécifiquement pour un usage sur smartphone, accessible partout et à tout moment. En l'occurrence, le contrôle de la carte depuis le téléphone pourrait également constituer une étape de familiarisation dans la transition vers le (futur) paiement mobile...