Cinéma-Voyage: Palestine

Publié le 09 juin 2013 par Espritvagabond
Note: Ce billet s'inscrit dans la série Cinéma-Voyage.
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Notre visite d'aujourd'hui nous emmène en Palestine, à Gaza, plus précisément, où se déroule la comédie dramatique Le Cochon de Gaza (When Pigs Have Wings, si vous réussissez à mettre la main sur une version originale avec sous-titres).
Le Cochon de Gaza est une production européenne qui jette un regard humoristique sur le conflit israélo-palestinien, un angle que l'on ne voit que trop rarement sur cette région du monde. Ça raconte les mésaventures de Jaafar, un pêcheur palestinien peu futé qui un jour, attrape dans ses filets un cochon vietnamien. Déchiré entre sa foi (qui lui interdit de toucher l'animal) et son désir d'améliorer son niveau de vie, il tente d'abord de le vendre, puis se lance plutôt dans un étrange commerce avec une russe installée dans la colonie israélienne d'à côté, puisque celle-ci, qui fait l'élevage du cochon pour fins d'exportations, a besoin de la semence du mâle attrapé par Jaafar.
L'histoire et les mésaventures que la situation entraînent profitent d'un cadre pris entre les interdits musulmans et juifs, les tractations d'affaires avec l'ennemi pour un petit droit de passage, les tentatives de Jaafar de camoufler sa prise au reste du village (et surtout à sa femme), le tout sur fond d'affrontements entre israéliens et palestiniens.
L'ensemble est donc plus intéressant - et souvent plus comique - par l'exploitation de ce cadre que par les ressorts comiques de son scénario. Par contre, l'un et l'autre se confondent parfois à merveille, comme dans cette séquence où la femme de Jaafar réplique à ses créanciers qui veulent l'expédier en prison qu'il s'y trouve déjà (étant à Gaza, entouré par l'armée et les colons israéliens).
Le Cochon de Gaza n'est peut-être pas le meilleur film du genre, ni un très grand film, mais il n'en demeure pas moins un film fort amusant malgré certains moments dramatiques, qui a le mérite d'adopter un angle humoristique sur une situation tragique. La légèreté du traitement est donc pleinement assumée et permet entre temps de passer un moment dans la vie quotidienne des habitants de ce village de Gaza, et partager certaines situations parfois surréalistes qu'ils y sont appelés à vivre (je pense par exemple aux soldats israéliens qui un jour se sont installés sur le toit de la maison de Jaafar, parce que ça faisait une bonne plateforme d'observation, et qu'ils ne se gênent pas pour descendre chez lui utiliser ses toilettes au besoin).
Enfin, si j'aime mieux le titre original, c'est qu'il joue sur deux tableaux; à la fois sur l'absence d'explication de la situation de départ (le cochon vietnamien pêché par Jaafar) et sur l'absence d'espoir que le conflit israélo-palestinien se règle un jour ("quand les cochons auront des ailes").
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