Imaginez, un nazillon caricatural qui assassine violemment un jeune
"anti-fa" membre du groupe "Action antifasciste Paris-Banlieue", militant au
syndicat étudiant "Solidaire", en bref engagé dans toutes les "bonnes causes".
Un odieux et lâche assassinat politique commis par un tenant d'une des pires
idéologies qu'à connu notre monde moderne.
Normal qu'avec un symbole comme celui-ci, beaucoup n'hésitent pas à nous
ramener 70 ans en arrière, aux belles heures de la lutte contre le fascisme
puis contre le nazisme. C'est le
chant des partisans devant Sciences-Po, c'est l'internationale, c'est le
slogan "No
pasarán" des républicains espagnols en lutte contre Franco. Toutes les
références aux grandes heures de la République y passent. Ce meurtre est la
preuve que la peste brune est toujours vivace, ne nous relâchons pas dans notre
lutte contre ce fléau.
Tout cela est manifestement excessif. Personne ne découvre qu'il existe ici
ou là des groupuscules d'extrême droite nostalgiques d'une abominable idéologie
dont plus personne d'à peu près sain d'esprit ne veut. Personne ne peut
prétendre que ces individus souvent violents, toujours obtus mais très peu
nombreux représentent un réel danger pour notre démocratie.
Et la mort tragique de Clément Méric ne change rien à la chose.
Car l'histoire n'est peut-être ni aussi simple qu'on veut bien nous la
raconter. Certes le meurtrier appartient à une mouvance d'extrême droite de la
pire espèce, certes ce crime est par définition horrible et inacceptable mais
le présenter comme l'agression gratuite d'un gros fasciste sur un pauvre petit
défenseur de la démocratie c'est falsifier la réalité.
L'enquête est en cours mais il apparait néanmoins:
- Que les deux bandes se sont rencontrées par hasard dans une boutique dans
laquelle ils se fournissaient en polos de la même marque.
- qu'il y a eu provocations à la fois de la part des "anti-fascistes" dont
faisait partie Clément Méric et des skinheads dont faisait partie son
meurtrier. Il se pourrait même que ce soient les "anti-fascistes" qui aient
entamé les hostilités voire même attendu les autres à la sortie.
- Que presque inévitablement, ces provocations ont entrainé une confrontation
physique qui a provoquée le drame.
Il n'est pas question de justifier la violence dont a fait preuve l'assassin
de Clément Méric mais on est loin, bien loin du lâche assassinat politique
qu'essaie de nous faire avaler toute la Gauche française.
Pourtant, à partir d'une vision simpliste des faits à laquelle tout le monde
à voulu croire, la mort tragique de Clément Méric a provoqué de nombreuses
réactions. Bien entendu, certaines ont été très dignes et pleines d'une émotion
sincère mais d'autres ont transpiré la récupération politique de manière
parfaitement indécentes.
D'une manière générale une grande partie de la classe politique a utilisé ce
tragique fait divers.
L'extrême gauche y a trouvé un prétexte pour justifier ses combats obsolètes
et ressusciter la lutte contre fascisme.
Pierre Bergé, dans un délire haineux, y a trouvé l'occasion de se défouler
contre les anti mariage gay en allant jusqu'à accuser "ces inconscients de
la #manifpourtous" d'avoir "préparé le terrain" ou pire encore
"L'immonde Barjot" "d’éclabousser (de sang) la démocratie et la
République"
Jean-Vincent Placé, égal à lui même, a, dans un amalgame honteux, dénoncé
les "dérives" de l'UMP, "qui était un parti
républicain".
Bien évidemment l'inénarrable Mélenchon s'est jeté sur l'occasion avec
avidité en essayant même d'accaparer pour lui tout seul le formidable combat
contre le fascisme. Pas question que le PS et à plus forte raison des
représentants de l'UMP s'unissent au Front de Gauche pour défendre les valeurs
de la République !...une manière de montrer qui sont les seuls véritables
républicains !
Une manière également de mobiliser ses troupes contre tous les
réactionnaires, l'establishment et la médiacratie qui au mieux n'ont pas su
percevoir l'importance du combat "anti-fascistes" et au pire s'en sont fait les
complices.
N'oublions pas non plus
Jean-François Coppé qui trouve le moyen de mettre dans le même sac
groupuscules "d'extrême droite et groupuscules d'extrême gauche" ce qui est
pour le moins osé dans de pareilles circonstances.
On pourrait en évoquer beaucoup d'autres qui ont utilisé la mort de ce jeune
homme à des fins de petite politique.
Tout ceci est pitoyable, comme est pitoyable la réaction de ceux qui ont
conspué les journalistes lors des manifestations en mémoire de la
victime.
Au delà de la mort tragique de Clément Méric, ce que révèle cet évènement
malheureux c'est que toutes les occasions sont bonnes pour exploiter l’émotion
populaire à des fins politiques et surtout que la cassure est telle entre la
Gauche et la Droite qu’ils ont près l’un et l’autre à s’accuser d’être sinon
responsables du moins complices des pires ignominies. Pauvre Clément, il n’a
pas mérité une telle utilisation de sa mort.
Sur ce sujet lire également l’article de l’Hérétique