Magazine Humeur

L'indécente récupération

Publié le 09 juin 2013 par Nicolas007bis

AlineIl faut dire que le symbole est trop beau pour tous ceux qui en sont restés à une vision extrêmement manichéenne du monde, une vision qui oppose les bons (eux) et les méchants (leurs opposants politiques). En la matière, difficile de trouver mieux !

Imaginez, un nazillon caricatural qui assassine violemment un jeune "anti-fa" membre du groupe "Action antifasciste Paris-Banlieue", militant au syndicat étudiant "Solidaire", en bref engagé dans toutes les "bonnes causes". Un odieux et lâche assassinat politique commis par un tenant d'une des pires idéologies qu'à connu notre monde moderne.

Normal qu'avec un symbole comme celui-ci, beaucoup n'hésitent pas à nous ramener 70 ans en arrière, aux belles heures de la lutte contre le fascisme puis contre le nazisme. C'est le chant des partisans devant Sciences-Po, c'est l'internationale, c'est le slogan "No pasarán" des républicains espagnols en lutte contre Franco. Toutes les références aux grandes heures de la République y passent. Ce meurtre est la preuve que la peste brune est toujours vivace, ne nous relâchons pas dans notre lutte contre ce fléau.

Tout cela est manifestement excessif. Personne ne découvre qu'il existe ici ou là des groupuscules d'extrême droite nostalgiques d'une abominable idéologie dont plus personne d'à peu près sain d'esprit ne veut. Personne ne peut prétendre que ces individus souvent violents, toujours obtus mais très peu nombreux représentent un réel danger pour notre démocratie.

Et la mort tragique de Clément Méric ne change rien à la chose.

Car l'histoire n'est peut-être ni aussi simple qu'on veut bien nous la raconter. Certes le meurtrier appartient à une mouvance d'extrême droite de la pire espèce, certes ce crime est par définition horrible et inacceptable mais le présenter comme l'agression gratuite d'un gros fasciste sur un pauvre petit défenseur de la démocratie c'est falsifier la réalité.

L'enquête est en cours mais il apparait néanmoins:

  • Que les deux bandes se sont rencontrées par hasard dans une boutique dans laquelle ils se fournissaient en polos de la même marque.
  • qu'il y a eu provocations à la fois de la part des "anti-fascistes" dont faisait partie Clément Méric et des skinheads dont faisait partie son meurtrier. Il se pourrait même que ce soient les "anti-fascistes" qui aient entamé les hostilités voire même attendu les autres à la sortie.
  • Que presque inévitablement, ces provocations ont entrainé une confrontation physique qui a provoquée le drame.

Il n'est pas question de justifier la violence dont a fait preuve l'assassin de Clément Méric mais on est loin, bien loin du lâche assassinat politique qu'essaie de nous faire avaler toute la Gauche française.

Pourtant, à partir d'une vision simpliste des faits à laquelle tout le monde à voulu croire, la mort tragique de Clément Méric a provoqué de nombreuses réactions. Bien entendu, certaines ont été très dignes et pleines d'une émotion sincère mais d'autres ont transpiré la récupération politique de manière parfaitement indécentes.

D'une manière générale une grande partie de la classe politique a utilisé ce tragique fait divers.

L'extrême gauche y a trouvé un prétexte pour justifier ses combats obsolètes et ressusciter la lutte contre fascisme.

Pierre Bergé, dans un délire haineux, y a trouvé l'occasion de se défouler contre les anti mariage gay en allant jusqu'à accuser "ces inconscients de la #manifpourtous" d'avoir "préparé le terrain" ou pire encore "L'immonde Barjot" "d’éclabousser (de sang) la démocratie et la République"

Jean-Vincent Placé, égal à lui même, a, dans un amalgame honteux, dénoncé les "dérives" de l'UMP, "qui était un parti républicain".

Bien évidemment l'inénarrable Mélenchon s'est jeté sur l'occasion avec avidité en essayant même d'accaparer pour lui tout seul le formidable combat contre le fascisme. Pas question que le PS et à plus forte raison des représentants de l'UMP s'unissent au Front de Gauche pour défendre les valeurs de la République !...une manière de montrer qui sont les seuls véritables républicains !

Une manière également de mobiliser ses troupes contre tous les réactionnaires, l'establishment et la médiacratie qui au mieux n'ont pas su percevoir l'importance du combat "anti-fascistes" et au pire s'en sont fait les complices.

N'oublions pas non plus Jean-François Coppé qui trouve le moyen de mettre dans le même sac groupuscules "d'extrême droite et groupuscules d'extrême gauche" ce qui est pour le moins osé dans de pareilles circonstances.

On pourrait en évoquer beaucoup d'autres qui ont utilisé la mort de ce jeune homme à des fins de petite politique.

Tout ceci est pitoyable, comme est pitoyable la réaction de ceux qui ont conspué les journalistes lors des manifestations en mémoire de la victime.

Au delà de la mort tragique de Clément Méric, ce que révèle cet évènement malheureux c'est que toutes les occasions sont bonnes pour exploiter l’émotion populaire à des fins politiques et surtout que la cassure est telle entre la Gauche et la Droite qu’ils ont près l’un et l’autre à s’accuser d’être sinon responsables du moins complices des pires ignominies. Pauvre Clément, il n’a pas mérité une telle utilisation de sa mort.

Sur ce sujet lire également l’article de l’Hérétique


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Nicolas007bis 70 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines