SKET DANCE : le retour de l’improbable comédie ?

Publié le 09 juin 2013 par Paoru

Aujourd’hui, parlons d’un des titres qui était l’un des lancements phare de l’année pour l’éditeur Kazé Manga : SKET DANCE, de Kenta Shinohara.

Ce titre repose sur un humour loufoque bourré de référence au monde du manga et de la japanime – un humour d’otak comme on dit – et il était attendu de pied ferme depuis plusieurs années dans notre pays puisqu’il a débuté sa publication en juillet 2007 au Japon. Je vous en parlais même lors de la création du blog, car ce dernier a eu les honneurs du prix shônen des Shôgakukan Manga Awards en 2010.

Depuis il continue sa route dans les pages du célèbre Weekly Shônen Jump de la Shueisha et compte déjà 30 volumes sur le sol nippon.

 L’adaptation anime version longue – 77 épisodes de 2011 à 2012 – a sans doute été le déclic pour que cette comédie lycéenne dépasse ses propres frontières pour venir. Après Kuroko’s Basket en janvier 2012, un titre qui prend progressivement son envol dans l’hexagone, qu’en est-il de ce fer de lance 2013 ?

Quelques éléments de réponses ci-dessous !

Mais qu’est-ce c’est que c’SKET histoire ?

Le club des protecteurs de la vie scolaire, plus connu sous le nom du SKET (Support Kindness Encouragment Troubleshoot), est le trio sur lequel on peut compter en cas de coup dur au lycée Kaimei. Dans ce club vous vous trouverez face au président Bossun, une jeune homme qui a l’air tout ce qu’il y a de plus ordinaire mais qui sera toujours prêt à vous aider et à endosser ses lunettes spéciales, qui lui permettent alors de développer une concentration extraordinaire, qui lui permet aussi bien de résoudre un crime dans l’impasse que de toucher un ennemi à 100 mètres au lance-pierre.

Au coté du leader, vous pourrez aussi avoir besoin des services de Himeko, la demoiselle au caractère bien trempé, dotée de force de taureau et qui n’hésitera à se ruer tête baisser dans le danger, sa batte de baseball à la main. Surnommé la princesse démon en l’honneur de son passé de célèbre délinquante, elle est la force de destruction massive et dissuasive du SKET, accompagné par le spécialiste des renseignements généraux et grand otaku devant l’éternel : Switch. Ne parlant, par choix, qu’au travers d’un synthétiseur vocal, c’est l’intellectuel à lunettes de la bande, toujours capable d’avoir un coup d’avance sur ses adversaires ou ses compagnons. Des sciences les plus pointues à la rhétorique la plus affinée sur l’impact du moe dans l’animation moderne, personne n’en sait plus que Switch !

Qu’il faille venir en aide à un club, écouter les petits soucis de leur camarades, mener à bien une romance, délivrer une princesse dans une forteresse moyenâgeuse ou encore nettoyer l’arrière cour, rien n’est impossible pour le SKET. Surtout lorsqu’il est possible de malmener le bureau exécutif du conseil des élèves dont le vice-président obtus, Sasuke Tsubaki, est l’ennemi juré de Bossun !

Les péripéties du SKET, de ses membres et de ses clients plus étranges les uns que les autres  ne sont pas prêtes de s’achever !

SKET DANCE : un lycée fou, fou, fou ?

Vous souvenez-vous de Kimengumi High School, ce manga et surtout cet anime plus connu chez nous du nom du Collège fou fou fou ? Cette série racontait les aventures improbables de 5 lycéens loosers qui enchainaient défis sportifs et techniques débiles, en défiant les lois de la physique et de l’espace-temps, avec des caractères excentriques et un humour bien souvent intraduisible ?

20 ans plus tard, SKET DANCE semble avoir hérité d’une partie de cette loufoquerie, de cet humour hyper référencé qui démonte méthodiquement les clichés des mangas, pour mieux les parodier. Romane, la folle de shôjo, est capable d’apposer un filtre sur ce qu’elle voit et d’en faire de même pour le lecteur : l’histoire se transforme instantanément en roman à l’eau de rose dus siècle dernier. Que dire également du samurai, bête à manger du foin et abusivement dévoué à son bushido, mais qui doit absorber des pastilles à la menthe pour être à 100 % de ses capacités ?

Il faut dire que l’auteur, Kenta Shinohara, a été l’assistant de Hideaki Sorachi, l’auteur de Gintama, ce qui a visiblement laissé des traces dans ses choix de thématiques. On retrouve même quelques cross-over entre ces deux séries, comme vous pouvez le voir ci-contre.

Les personnages principaux sont d’une flagrante simplicité sur le plan graphique, mais cela permet une identification claire et immédiate par le lecteur, qui sait alors qu’il avance en territoire famillier. Simple mais efficace donc. Heureusement au fur et à mesure des volumes – 4 en France pour le moment – ces héros s’étoffent.

Switch, par exemple, dépasse le simple geek – otaku de base. Certes, il est extraordinairement calé sur une foule de sujet, des sciences ou animes, il est socialement handicapé et ne parle qu’à travers un ordinateur… Mais il fait preuve d’une grande intelligence et d’une bonne dose d’humour qui viennent enrichir son personnage. Kenta Shinohara explique lui-même que ce coté otaku est surtout un ressort comique, car il considère ces derniers comme des personnes étranges mais amusants. Avec tout sa culture pointue dans le domaine on aurait pu penser que le mangaka faisait partie de cette bande mais nullement, il revisite simplement et selon les envies tous les clichés du shônen manga.

Un mangaka qui joue l’invité surprise…

Habituellement, à l’intérieur des volumes reliés, les témoignages d’un mangaka se limitent à un petit commentaire introductif sur son quotidien, voir quelques détails bonus en fin d’ouvrage. SKET DANCE va beaucoup plus loin et innove. En effet, à chaque fin de chapitre, Kenta Shinohara (ci-contre) revient sur la vingtaine de pages que nous venons de livre : comment il l’a écrit, quelle a été sa source d’inspiration, comment l’écriture du chapitre s’est déroulée ou enfin quels messages il a voulu faire passer. Les petites annotations d’auteur existent déjà, dans les shôjos notamment, mais ils prennent un caractère systématique dans SKET DANCE.

Ces petits textes de quelques lignes ne tombent jamais dans une description rasoir de son métier mais témoignent d’une véritable envie de partage de l’auteur, dans une sorte de débriefing du travail accompli. Ils nous permettent de découvrir que ce dernier, plutôt nonchalant, écrit SKET DANCE au gré de ses envies, sans vraiment se prendre la tête. Un travail de mangaka réalisé dans une surprenante liberté de la part de son éditeur, surtout pour un titre qui figure dans le Weekly Shônen Jump, la grande star des magazines de prépublications nippon.

Avec une dizaine de chapitre par tomes, c’est une sorte d’interview désinvolte qui est offerte et qui renforce son intérêt pour le titre, en établissant un lien assez inédit entre le le lecteur et l’auteur.

Si les couvertures et le pitch de départ donnent donc l’impression de n’être qu’un nekkutsu de plus, SKET DANCE révèle donc une efficacité inattendu : très drôle, récréatif et sans prise de tête, innovant dans la place qu’il laisse à son mangaka et doté, avec un mélange bien dosé entre le old school et le contemporain. Un titre à essayer donc, pour tous les amateurs et connaisseurs de manga donc, d’autant que les deux premiers volumes qui bénéficiaient d’un prix de lancement de 3.90, se retrouvent d’occasion sur le net pour une bouchée de pain.

Fiche descriptive

Titre : SKET DANCE
Auteur : Kenta Shinohara
Date de parution du dernier tome : 02 janvier 2013
Éditeurs fr/jp : Kazé Manga / Shueisha
Nombre de pages : 192
Prix de vente : 6.99€
Nombre de volumes : 4/30 (en cours)

SKET DANCE © 2007 by Kenta Shinohara / SHUEISHA Inc.

Pour vous faire un avis, le trailer est ici et la preview est disponible ici.