Un blog connait les mêmes difficultés que tout travail de création, l’inspiration vient goutte à goutte, et s’épuise vite, il faut rester attentif aux choses infimes, ce sont les plus grandes inspiratrices. On parcourt aussi les autres blogs, mais l’on se rend compte que le travail de création, de recherche, n’est pas si répandu, que l’on est soit dans l’intime, mais qui n’est pas compréhensible, soit dans la reprise, ce qui contribue au bourdonnement.
Je me souviens d’un ancien énarque, qui disait ne pas croire au "génie méconnu", que tout ce qui était bon était reconnu, et que tout était ainsi pour le mieux dans le meilleur des mondes.; Je ne sais pas s’il avait raison, et je ne le saurai jamais. Je trouve des bons blogs, qui valent de bons articles de journaux, je ne sais s’il faut parler de génie, mais leurs auteurs ne roulent pas sur l’or. Peut-on dire par ailleurs que tout ce qui est reconnu est bon ? Il y a parfois un tel travail de "communication" orchestré, que des arguments s’imposent plus par leur fréquence que par leur bien-fondé.
Les titulaires des anciens medias ont un regard contempteur sur le monde des blogs, dont ils considèrent qu’ils n’ont pas de légitimité. Mais peut-on considérer que le monde de l’édition est capable de faire émerger des talents, ou est-ce que, comme ce monde le reconnait à demi-mots, il y a un part d’aléa, et l’immensité de ce qui est refusé, est à peu près au même niveau que ce qui est édité, les contingences faisant le reste ?
Est-ce que cet énarque avait raison, est-ce que tout ce qui était à venir est advenu ?Est-ce que les mailles du système de reconnaissance sont assez fines ?
Je connais certains des blogueurs que je suis, certains ont eu une scolarité en dents de scie, des qualités leur ont été reconnues, mais ils ne disposaient ni des codes de la société, ni des réseaux. On me signale le cas d’intellectuels médiocres qui ont accès au "milieu" médiatique, parce que bien pourvus en relations sociales.D’autres sont des sortes d’ouvriers philosophes, auxquels le net donne un accès à la diffusion, une diffusion qui va au-delà des cafés, et des cercles d’amis.Je me dis qu’ils doivent consacrer un temps considérable à leurs articles, à se documenter, à aller chercher d’autres faits que ceux que les medias mettent en avant. Imaginer un autre monde que celui des économistes, pour qui la matière est complexe, mais les conclusions simplistes, et très marquées socialement, puisqu’il suffit de travailler plus longtemps et de gagner moins.
Le blog est-il révélateur d’une misère de l’édition, d’un contraste important entre les capacités d’écriture acquises par l’ensemble d’une population, et son accès à la parole ? le rapport des deux grandeurs n’a jamais été aussi important depuis que l’humanité existe.
Nous sommes dans le post-journalisme, ou les gens se distraient et s’informent à travers des productions artisanales, en petite série.
On constate sans doute le même écart entre les amateurs de musique, et la possibilité réelle de faire un spectacle, d’être connu, mais on peut se faire un petit public via youtube, et donner rendez-vous à ses fans.
Je ne sais donc s’il reste des artistes, des productions méconnues ou non, ou si tout ce qui méritait de l’audience en obtient, ou si tout cela est sans rime ni raison, mais avec le blog on a donné un espace nouveau, qui reste à exploiter encore.