Photos du concert ICI.
6 Juin 2013, Espace Julien
Avec Tricky et quelques autres, Cocorosie doit être un des groupes que j’aime bien à être passé le plus souvent dans le coin sans que je n’arrive à les voir.
Ca a bien failli être le cas ce soir où il y avait prévu en même temps les incroyables Duchess Says, mais ces derniers ont annulé leur tournée, donc plus trop de dilemme.
D’autant que l’annonce tardive que la première partie allait être assurée par Nomi Ruiz rendait la date un peu immanquable là.
Nomi Ruiz ? Une chanteuse hors norme que les amateurs de nu disco ont découvert avec Hercules & Love Affair et les plus confidentiels Jessica 6.
Elle sort bientôt un album aux sons hip hop/r’n'b, un choix de programmation un peu risqué vu le public qu’on suppose plus branché pop folk de Cocorosie, mais la New Yorkaise aura néanmoins rencontré un bel accueil.
La prestation tient plus du showcase que d’un vrai live à proprement parlé, pas de dj ou de groupe, elle chantera ses morceaux avec un simple bande enregistrée derrière, issue de sa récente mixtape "Borough Gipsy".
Drapée dans un genre de robe Sevillane indécente vu la chaleur épouvantable des lieux, elle ne tardera pas, pour le très sexuel "Maybe she suspects" à finir le concert en tenue ne laissant plus imaginer grand chose de sa plastique sculpturale.
Décalage saisissant entre cette impudeur et les déhanchements qui vont avec et ces textes sombres et timbre hautement mélancolique (parfois un peu guimauve aussi), un mélange improbable entre Divine et le Wu Tang Clan à qui elle fait un clin d’œil appuyé sur "Life or C.R.E.A.M.".
Pour le dernier morceau, la ballade "Still your girl", elle s’essaiera non sans mal à la guitare acoustique, et quitte les lieux après avoir surpris une salle désormais quasi pleine.
Il faudra s’armer de beaucoup de patience ensuite, le changement de plateau qu’on imaginait pas aussi long durera bien 45 minutes.
Les lumières s’éteignent et le public conquis d’avance hurle de joie en voyant arriver le groupe maquillé dans des tons fluo et affublé de tenues aussi clivantes que leur musique.
Si celles de Bianca sont relativement sobres, le combo tutu casquette de Sierra interpelle, on déteste ou on adore selon les sensibilités, mais en tout cas le kitch est assumé.
Un souci du détail et de l’invention à l’image du concert proposé par les sœurs espiègles.
Elles sont accompagnée par deux musiciens aux claviers et samplers, et d’un beatboxer très apprécié lors d’une interlude épatante où il arrive à retranscrire les beats timbalandiens du "Honey" de Ginuwine.
Le reste du temps sa présence est assez anecdotique passé l’effet de surprise, accompagnant assez paresseusement les envolées des chanteuses.
Chanteuses tellement dans leur trip qu’elles ne s’adresseront au public qu’un peu avant le premier rappel.
Leur prestation semble avoir plu à la majorité, elle ne m’a pas bouleversé comme espéré, bien qu’ayant apprécié une bonne moitié du show.
Parmi les choses qui m’ont déçu, le coté répétitif des titres et un certain manque de cohérence dans les enchaînements, on passe d’un morceau un peu boum boum de façon assez bordélique à une jolie ballade à la harpe au piano.
Ce sont des titres à la manières derniers que j’aurais davantage aimé entendre, ceux où leurs voix, atypiques et complémentaires, sont mises en valeur avec élégance et sobriété.
Beaucoup de chansons me paraissent bien tirés par les cheveux, avec un coté opéra pop world new age un peu pompeux qui renvoie plus à Enigma ou Kimera qu’à Björk avec qui elles partagent néanmoins un salutaire goût de l’expérimentation.
C’est aussi un des points positifs de la soirée, pas mal d’idées visuelles et sonores, des mélanges de genres parfois réussis.
Au vu des réactions plus enthousiastes que la mienne, le succès rencontré dès leur premier passage à Marseille n’est pas prêt de s’essouffler.
Si ça pouvait donner des idées à des salles ou tourneurs pour quelques uns de leurs amis jamais vus dans le coin comme Antony Hegarty ou Devendra Banhart on n’est vraiment pas contre.