Retour sur les années SOUFFLES

Par Citoyenhmida

Kenza SEFRIOUI, dans son ouvrage “LA REVUE SOUFFLES – 1966/1973 – Espoirs de révolution culturelle au Maroc, paru aux Éditions du Sirocco en mars 2013, nous ramène cinq décennies en arrière, dans un Maroc à l’indépendance balbutiante, mais où le bouillonnement culturel battait son plein.

Le Maroc d’alors, en pleine mutation sociale et politique, avait connu une effervescence culturelle sans précédent et qui n’a pas été reproduite dans la suite de notre histoire moderne.

Même si l’on ne partage pas l’idéologie, majoritairement marxiste-léniniste, des intellectuels de l’époque et même si l’on n’approuve pas les moyens qu’ils ont mis ou tenté de mettre en œuvre pour appliquer leurs idées, il est intellectuellement impossible, sinon malhonnête, de nier la force de leur engagement, la sincérité de leurs convictions et la trace indéniable de leur action.

Le travail de Kenza SEFRIOUI a été  mené de manière académique puisqu’il s’appuie sur une thèse de doctorat, complétée par une bibliographie très large et une série d’entretiens avec  les principaux acteurs de l’aventure SOUFFLES.

Il permet d’établir le lien entre les différents intellectuels, artistes, poètes, écrivains et l’action politique militante par l’entremise de la revue SOUFFLES et de son pendant arabophone ANFAS.

Et c’est en cela que cette revue a marqué les sept  années de son existence : elle a servi de passerelle commune à des poètes (Abdellatif Laabi et Mustapha Nissabouri entre autres), à des peintres (Mohamed Melihi, Mohammed Chabaa, Farid Belkahia), des universitaires (Abdelkebir Khattabi), des cinéastes (Ahmed Bouanani) pour mener leur action culturelle et donc par la force des choses, leur action  politique.

La réaction des autorités et du régime a donc été à la hauteur des ambitions révolutionnaires des piliers de Souffles.

Pendant sept ans, la revue a donc servi de porte-voix à ce vaste noyau d’intellectuels, délibérément engagés à gauche, mais fermement attachés à “une politique culturelle raisonnée  pour structurer le champ de la culture“.

La lecture de cet ouvrage peut s’avérer ardue si l’on ne prend pas la peine de revenir au corpus des différents numéros de la revue, qui a connu maintes difficultés dans sa parution.

Heureusement, toute la collection a pu  être numérisée et elle est  disponible sur le site de la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc  ( Souffles et Anfass).

Il n’y a donc plus aucun obstacle pour empêcher la jeunesse de notre pays de replonger  dans son  passé, difficile et tumultueux mais tellement en riche en expériences et en hommes! Elle peut tirer profit des échecs politiques mais retenter de mener à bien une reconstruction culturelle.

Une lecture indispensable que je vous recommande très fort!