Bien que mal connues, les mycotoxines sont en tête de liste des contaminants naturels les plus répandus dans les denrées alimentaires au niveau mondial. Ce sont des substances toxiques et cancérigènes produites par des champignons, qui atteignent la chaîne alimentaire par les plantes et les fruits.
La patuline est produite par plusieurs espèces de champignons des variétés Penicillium, Aspergillus et Byssochylamys, présents dans les fruits, principalement les pommes. Les effets neurotoxiques, immunotoxiques et mutagènes de la patuline ont été confirmés sur l’animal.
Les dernières techniques d’analyse développées permettent aujourd’hui de les détecter, d’évaluer leurs niveaux et de démontrer, comme avec ces études, que certains produits alimentaires dépassent les niveaux autorisés de ces substances nocives.
Dans une première étude publiée dans la revue Food Control, les chercheurs de l’Université de Grenade analysent les concentrations d’un type de mycotoxine, la patuline, sur 8 marques de jus de pomme et montrent que plus de 50% des échantillons analysés dépassent les teneurs maximales fixées par la loi européenne (de 50 microgrammes par kilogramme de produit (mg / kg) pour les jus et nectars de fruits, 25 ug / kg pour les compotes et autres produits de la pomme et 10 ug / kg si ces aliments sont destinés aux bébés et aux jeunes enfants). Quelques échantillons atteignent même près de 115 mg / kg, et un produit pour bébés 162,2 mg / kg, soit plus de 15 fois la limite légale.
Dans une 3è étude publiée dans la revue Food and Chemical Toxicology, l’équipe de Valence a analysé 1.250 échantillons de produits à base de céréales, d’Espagne, de France et d’Allemagne et détecte des concentrations de mycotoxines dans les quantités supérieures à 1.000 mg / kg dans certaines farines.
Près de 11% des produits biologiques analysés contiennent des fumosines, une « variété » de mycotoxines tandis que dans les produits conventionnels, ce pourcentage se situe aux alentours de 3,5%. Les aliments biologiques qui n’ont pas été exposés aux fongicides et autres pesticides représentent un terrain forcément plus favorable. Les auteurs insistent sur l’importance, quels que soit le mode de culture, des conditions de chaleur et d’humidité sur la production de mycotoxines.
Car dans la première étude, c’est le jus de pomme bio qui présentait le moins de mycotoxines.
Des résultats qui appellent au développement de méthodes d’analyse toujours plus précises, à une surveillance plus étroite des niveaux de ces substances nocives et à l’étude de leurs effets sur la santé.
Sources:
Food Control June, 2013 DOI: 10.1016/j.foodcont.2012.11.003 Evaluation of dispersive liquid-liquid microextraction for the determination of patulin in apple juices using micellar electrokinetic capillary chromatography
Food Control March, 2013 doi.org/10.1016/j.foodcont.2012.06.035 Mass spectrometry strategies for mycotoxins analysis in European beers
Food and Chemical Toxicology June 2013 Occurrence of fumonisins in organic and conventional cereal-based products commercialized in France, Germany and Spain
(Vidéo@SINC, © Frédéric Prochasson – Fotolia.com)
PHTALATES et BISPHÉNOL A: Dans les aliments bio aussi ?-