Une nouvelle mission spatiale initiée par la NASA vient d'entrer dans sa phase de développement: Osiris-Rex est un satellite qui sera chargé de rapporter sur Terre des échantillons de l'astéroïde Bennu.
Le satellite Osiris-Rex est chargé de rapporter sur Terre des échantillons de l'astéroïde Bennu. NASA SUR LE MÊME SUJETOSIRIS-REX. C’est décidé. La NASA a accordé son feu vert au développement de la nouvelle mission spatiale de grande envergure Osiris-Rex (pour Origins Spectral Interpretation Resource Identification Security Regolith Explorer). L’objectif du programme est rien de moins que d’envoyer un satellite à la rencontre d’un astéroïde afin d’en rapporter des échantillons sur Terre. En projet depuis plusieurs années, Osiris-Rex est officiellement entré dans sa phase de réalisation (phase C) le 16 mai dernier, après avoir passé avec succès le Key Decision Point (KDP-C), test final qui décide, ou non, du lancement d’une mission.
"Avoir réussi le KDP-C constitue une avancée majeure pour le projet. Cela signifie que la Nasa est confiante dans nos chances de pouvoir rapporter des échantillons de l’astéroïde. Il incombe maintenant aux membres de l’équipe de réaliser ce projet", s’est réjoui Mike Donnelly, chef du projet au Centre spatial Goddard de la NASA à Greenbelt (Maryland).
Animation vidéo de présentation du projet (Nasa)
BENNU. L’astéroïde qui a été choisi, c’est Bennu, aussi connu sous le nom de 1999 RQ36. Bennu a été choisi non seulement pour des raisons d’accessibilité mais surtout car il fait partie des astéroïdes identifiés comme « primitifs », autrement dit riches d'informations sur l’origine du système solaire.
Sa composition pourrait donc contenir des indices importants sur l’origine du système solaire et l’apparition de la vie sur Terre." Antonella Barucci, astrophysicienne à l'Observatoire de Paris et co-investigatrice du projet.
Interrogée par Sciences et Avenir, Antonella Barucci, chercheuse au Laboratoire d’études spatiales et d’instrumentation en astrophysique (LESIA) de l’Observatoire de Paris et co-investigatrice du projet, nous a précisé l’importance de la cible choisie pour la mission Osiris-Rex : "Bennu est un géocroiseur de 493 mètres de diamètre qui est considéré comme très primitif. Son âge est estimé à 4,5 milliards d’années et il est très intéressant car c’est un fragment qui a été injecté dans le système solaire à peu près au moment où la Terre se formait. Sa composition pourrait donc contenir des indices importants sur l’origine du système solaire et l’apparition de la vie sur Terre."
Grâce à Osiris-Rex la Nasa espère en effet avancer sur ces questions essentielles. Antonella Barucci ajoute que "Bennu fait partie de la famille des chondrites carbonées. Et la grande fragilité de ce type d’astéroïde fait qu’on n’a presque aucun échantillon à analyser car les morceaux qui pourraient arriver sur Terre sont systématiquement pulvérisés lorsqu’ils rentrent dans l’atmosphère."
Bennu, l'astéroïde pour voyager dans le temps
D’ailleurs, outre la rareté du matériau qu’ira récupérer Osiris-Rex, l’intérêt de la mission réside dans le fait que "les échantillons rapportés ne seront pas altérés lors de leur entrée dans l’atmosphère. Car c’est un moment où normalement les objets célestes connaissent des transformations de leur composition. Alors que là, pour nous, c’est comme si on étudiait cette matière directement dans le ciel." Au final, Bennu sera un peu comme une machine à voyager dans le temps jusqu’à l’origine de notre système solaire.
PÉRILLEUX. Le lancement du satellite Osiris est prévu dans le courant de l’année 2016. Il lui faudra d’abord 3 ans pour atteindre Bennu. Arrivé à quelque 5 ou 6 kmde sa cible, le satellite entreprendra durant 6 mois une cartographie approfondie de la surface de l’astéroïde. L’équipe scientifique déterminera alors un site où le bras robotisé du satellite prélèvera ses échantillons. "Osiris s’approchera tout près et restera très peu de temps aux côtés du géocroiseur. C’est la technique du touch and go", précise Antonella Barucci.
La SRC contenant les échantillons sera éjectée en direction de la Terre (NASA)
Elle poursuit : "après avoir bombardé la surface de Bennu avec de l’azote liquide, Osiris récupèrera 60 grammes d’échantillons et les placera dans une capsule hermétique. C’est un moment critique de la mission car il devra faire demi-tour très vite." Le satellite devra alors rentrer et, une fois repositionné en position orbitale, il éjectera cette capsule en direction de la Terre. Cette dernière opération lui prendra à nouveau 3 ans. Le retour des précieux échantillons est donc prévu pour 2023… Si tout se passe bien.
Hugo Jalinière, Sciences et Avenir, 29/05/13