"On est des résistants, des maquisards des sentiments"
Avant de m'y rendre, j'avais entendu à peu près tout ce qu'il est possible d'entendre en matière d'avis sur un concert.Si bien qu'en arrivant au Bataclan, pour mon premier concert du groupe, je ne m'attendais à rien de précis finalement.
Comme j'avais quand même retenu qu'un concert de Fauve ≠ (t'as vu j'ai trouvé comment intégrer leur symbole, autant te dire que tu vas en manger dans ce billet) c'était un repaire de hipsters, une sorte de grande fête de la hype à base de bonnets vissés sur le crâne même en plein été, de moustaches savemment taillées et de vans en édition limitée, j'étais un peu à l'affût.
Mais NON.
Devant le bataclan ce soir là, il n'y a que des gens normaux. Enfin normaux... comme toi et moi, quoi.
Bon : Je me suis dit, la hype est sans doute déjà entrée et massée à l'intérieur mais une fois dedans, je n'ai trouvé personne répondant au descriptif du branché parisien. Ou si peu que ça ne mérite pas d'être signalé.
Ainsi, Fauve ≠ est peut-être un groupe catégorisé un peu vite parce qu'il a ému en priorité, à ses débuts, une certaine frange de la population parisienne mais force est de constater que son public s'est élargi depuis.
On m'avait aussi raconté que Fauve ≠ était un groupe pour ados en mal d'idoles.
Encore raté. Ce soir là il y a bien quelques adolescents dans la foule mais peu. La majorité des spectateurs semble être dans la tranche des 25-40 ans.
Ca, c'est pour la faune ≠ locale.
Pour ce qui est du concert à proprement parler c'est difficile à décrire. C'est vraiment un instant à vivre plutôt qu'à raconter mais enfin je vais quand même essayer.
Le live de Fauve ≠ c'est les titres de l'EP "Blizzard", ceux qu'on connait à force de les avoir écoutés en boucle (chronique à retrouver ici). Forcément.
On attaque avec Sainte-Anne et dès les premières notes débutent les projections qui ne cesseront que lorsque le dernier morceau s'achèvera.
Intéressant, le concept n'est pas nouveau mais a le mérite d'être dans la continuité du projet défendu par le collectif. Car Fauve c'est un Corp, qui associé vidéastes et musiciens.
D'ailleurs au détour d'un nouveau morceau, Fauve se raconte.
Avec la même ferveur que sur les morceaux qu'on connait déjà.
C'est dense, rapide, intense. Ca fuse, ça rebondit sur le coeur en faisant écho à nos propres pensées.
Fauve c'est de la musique et des mots qui tiennent chaud. Toujours.
Quand le groupe parle de lui, aussi. Rien de surprenant finalement.
Tout va vite, les morceaux s'enchainent et on les reçoit façon uppercut.
La puissance est là, on est un peu sonné mais étrangement réconforté, rechargé en énergie positive.
On note ça et là une jolie formule, inédite.
De jolis mots qui touchent.
Le plaisir de la découverte s'ajoute au ressenti de l'instant car si Fauve ≠ égrène ses tubes, il en glisse quelques-uns de nouveaux (deux, si mes souvenirs sont bons).
Sur les titres de l'EP et ceux mis en ligne sur internet, le public est à 200%, reprenant les paroles malgré l'incroyable débit du chanteur, difficile à suivre.
Sur "Nuits Fauves" et "Blizzard" c'est carrément la folie. Frissons.
Il faut dire qu'ils sont touchants aussi, remerciant sans cesse le public d'être venu, expliquant qu'ils ont un peu de mal à en revenir, de tout ce qui leur arrive de bon, si vite. De ce Bataclan complet, de la présence de tous ceux qu'ils aiment à leurs côtés ce soir, des inconnus qui les soutiennent aussi.
Ils disent merci et leurs mots et leurs attitudes sont pleins de sincérité. C'est charmant.
Au moment d'entonner "4000 îles", le chanteur décide de faire de son public une chorale improvisée. Il se lance alors dans un canon à base d'"Emmène moi" ambitieux qui se traduit par un joli moment de partage. Bien senti (j'avoue : j'ai chanté les 3 voix)(oh je sais, hein, ça va).
Côté musique, autour d'un chanteur qui arpente la scène avec la même fièvre que celle qui semble l'habiter quand il scande son texte, on retrouve l'ensemble percus-basse-guitare-claviers.
Ils sont cinq et ne font qu'un, et le revendiquent haut et fort.
Fauve ≠ c'est un collectif.
Fauve ≠ c'est l'incarnation du "tous ensemble".
Fauve ≠ c'est la voix de ceux qu'on n'entend pas d'habitude.
A une époque où le cynisme avait le vent en poupe, Fauve ≠ a débarqué et a livré ses histoires vraies, sans fards, pleines d'espoir, qui ont su rencontrer un public qui semblait n'attendre que ça.
Sur "Blizzard" le choeur immense formé par le public résonnait façon communion. C'était beau, c'était fort, c'était grand, c'était revigorant!
"Tu nous entends la Dignité ? Tu nous entends
?!
Si tu nous entends sache qu’on a un genou à Terre et
qu’on est désolé.
On est désolé de tout ce qu’on a pu te faire, mais on
va changer !
On va devenir des gens biens tu verras
!
Et un jour tu seras fière de
nous.
Tu nous entends l’Amour ? Tu nous entends
?!
Si tu nous entends il faut que tu reviennes parce
qu’on prêt maintenant, ça y est.
On a déconné c’est vrai mais depuis on a
compris.
Et là on a les paumes ouvertes avec notre cœur
dedans.
Il faut que tu le prennes et que tu
l’emmènes.
Tu nous entends l’Univers ? Tu nous entends
?!
Si tu nous entends, attends nous ! On
arrive.
On voudrait, tout comprendre, tout savoir, tout voir,
tout vivre.
On cherche la porte du nouveau monde pour pouvoir s’y
fondre en grand.
Tu nous entends Toi qui attends ? Tu nous entends
?!
Si tu nous entends souviens toi qu’t’es pas tout
seul. Jamais.
On est tellement nombreux à être un peu bancal un peu
bizarre.
Et dans nos têtes y’a un
blizzard.
Comme les mystiques loser au grand
cœur.
Il faut qu’on sonne l’alarme, qu’on s’retrouve, qu’on
s’rejoigne.
Qu’on s’embrasse. Qu’on soit des milliards de mains
sur des milliards d’épaules,.
Qu’on s’répète encore une fois que l’ennuie est un
crime. Que la vie est un casse du siècle, un putain de piment rouge. Nique sa mère le Blizzard.
Nique sa mère le Blizzard.
Tout ça c’est fini."
Un live de Fauve ≠ c'est un moment d'une rare intensité qui requinque, qui donne envie de croire, de renoncer à
l'individualisme ambiant pour qu'on en sorte tous gagnants.
Fauve ≠ fait du bien. Vraiment. On aurait tort de s'en priver.
Prochain rendez-vous pour moi : Aux Francofolies de La Rochelle, le 13 juillet, au Diane's. Vivement!