J’avais froid sans recours à la poitrine.
Et pourtant je marchais légèrement.
J’ai mis à la main droite
le gant de la main gauche.
J’ai pensé : il y a beaucoup de marches.
Il y en a trois. Je le savais.
Entre les érables une voix d’automne
Me chuchotait : "Meurs avec moi !"
Il m’a trompée, il est lugubre,
Il est changeant, méchant, mon destin.
J’ai répondu : "Mon amour ! mon amour !
Moi aussi ! Je vais mourir ! Avec toi ! "
C’est la chanson de la dernière fois !
J’ai jeté un coup d’œil dans la maison obscure.
Rien, sinon, près du lit, dans la chambre
Les bougies, leur lumière jaune, indifférente.
J’ai trouvé ce poème dans l’anthologie Poésie/Gallimard intitulée Cinq poètes russes du XXe siècle, L’horizon est en feu.