"Aimer. C'était le seul mot qui le faisait encore respirer. Albert n'avait plus d'autre désir que de vouloir sauver son fils Henri, comme s'il avait gardé en lui ce sentiment en attendant le jour idéal pour le reconnaître lui-même bien plus que pour l'exprimer. Ce jour était arrivé. Ce fut une découverte, en même temps qu'un soulagement."
Nous sommes en 1961. Albert partage son temps entre l'usine Michelin où il travaille et ses terres. Marié à Suzanne, il a eu deux fils. L'aîné a été envoyé en Algérie, le second est passionné par la lecture, notamment par ce roman de Balzac, Eugénie Grandet, qu'il vient de commencer.
Ce jour de grosse chaleur où la télévision fait son entrée dans la maison est le théâtre de grands changements. Gilles est présenté à Monsieur Antoine, ancien maître d'école, avec qui il va pouvoir échanger sur les livres. Henri apparaît dans un reportage à la télévision, maladroit, bien éloigné de l'être sûr de lui qu'il était avant son départ. Suzanne succombe au désir. La grand mère Madeleine serre plusieurs doigts perdus dans ses mains frippées ; et même Albert, derrière le masque de sa carrure imposante, se transforme...
Vous vous en doutiez déjà je pense... ce titre s'avère un énorme coup de coeur ! Malgré une fin qui est ce qu'elle est, mais je ne vous en dis pas plus...
Dans ce petit roman, il y a effectivement une poésie de l'instant, et des petites choses, si rare en littérature et si précieuse que En vieillissant les hommes pleurent est de ces livres dont on fait durer sciemment le plaisir de lecture. On y parle du toucher, de la peau, des sentiments, de ce qui remue à l'intérieur, tout profond, de ce qu'on est capable de transformer en nous, ou pas, et de l'amour des livres. Il a reçu le Prix RTL-LIRE en 2012.
Une lecture qui réconcilie avec le genre humain (et parfois on en a bien besoin).
Petit bonus, l'Antigone de Sophocle est citée p 24 !
Editions J'ai lu - 6.40€ - 15 mai 2013
Gambadou n'a pas aimé du tout l'écriture - Jack a adoré