Après le Printemps Arabe et le Printemps Érable, l’histoire laisse maintenant place au Printemps Kebab. La Turquie est aujourd’hui au centre de l’actualité et c’est l’événement de la semaine sur Twitter. D’ailleurs, c’est le site Tweetmap qui nous le montre en exposant les principaux sujets de discussion par pays. Le premier jour des manifestations, il y a eu plus de deux millions de tweets postés évoquant la Turquie, sur ces millions de gazouillis, plus de 90% émanait de la Turquie elle-même – les 10% restant venant surement de la famille Uzkuzuku et de la famille Tudur de Berlin. Alors qu’est-ce que veut nous dire l’ex peuple Ottoman ? Certainement pas que des jets de salade-tomate-oignon-sauce-blanche-harissa-s’il-vous-plait ne font pas le poids contre des bombonnes entières de gaz lacrymogène. Pour cela, il suffisait simplement de demander aux gamins de la « manif’ pour on s’en bat tous le steak on a déjà oublié ». Mais plutôt attirer l’attention sur une dictature religieuse cachée. C’est autant de points de perdus face au doux rêve caressé par Ankara d’aller servir des durums au Bundestag et à Bruxelles.
Tout débute par un plan d’architecte mal foutu et un type se baladant en ville trop près d’un arbre de la place Taksim avec une troncenneuse Husqvarna 562XP, pourtant la meilleure du marché. Ce qu’il faut savoir, c’est que la place Taksim est perçue par la population turque, gouvernement compris, comme un symbole de prestige. C’est comme la place Tahrir du Caire ou la place des Grands Hommes de Bruel. Elle n’existait pas à l’avènement de la république et a connu un renouveau après la seconde Guerre Mondiale grâce au français Henri Proust qui a été choisi pour en faire un lieu de culture privilégié. Ils y ont rasé la caserne existante pour y bâtir à la fois lieux culturels et espaces verts. La population stambouliote a été alerté via les réseaux sociaux d’un projet immobilier colossal ayant pour but de transformer complètement la place, une manière pour le premier ministre Recep Tayyip Erdoğan de marquer son passage à la tête du gouvernement. Mais c’était sans compter sur les locaux qui, faute d’avoir été mobilisés pour condamner le double attentat de Reyhanli en mars dernier, se retrouvent autour d’un feu de camp pour protéger la flore urbaine. Heureusement que les autochtones d’Amazonie ne possèdent pas la même force de frappe – ou tweeter – car on peut vous garantir que sans bois et sans Ikéa vos appartements respectifs auraient tout de suite un peu moins de gueule.
Les violences des trois derniers jours ont fait plus de mille blessés à Istanbul et au moins 700 à Ankara, selon les organisations de défense des droits de l’Homme et les syndicats de médecins des deux villes. Les voisins syriens envisageraient presque de créer une association de soutien à Ankara en faisant appel aux autres voisins de la Turquie : l’Irak, l’Iran, l’Arménie et la Géorgie.
Les stambouliotes montrent l’exemple, la où les indignés ont échoué, les turques, de part leur mobilisation massive, annonce une nouvelle ère. L’instabilité de la région nous renforce dans l’idée qu’il ne fait pas bon sous estimer un peuple oppressé.