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Mud

Publié le 13 mai 2013 par Dukefleed
MudDe l'amour et de l'aventure à hauteur d'enfant... Un très grand film
Au cœur du Bayou dans le Mississipi, deux jeunes garçons inséparables partent à l’aventure dans les méandres du fleuve. Une de leurs expéditions les conduit sur une île déserte, enfin le croient-ils… Nous aussi… Un bateau perché sur un arbre (Katerina est passée par là) à 10 mètres du sol attire leur convoitise. Avoir leur propre bateau, voilà un doux rêve ! Mais celui-ci semble déjà avoir été accaparé par un personnage mystérieux résidant sur l’île : Mud. La rencontre entre les deux jeunes insouciants et Mud, le héros buriné et taiseux, digne d’un roman d’aventure, est mise en scène de main de maître par Jeff Nichols. Découvrant des empreintes s’arrêtant dans le sable, les jeunes tournent la tête vers l’île (gros plan), puis se retournent vers la plage où l’on voit Mud en train de pêcher là où 5 secondes plus tôt, il n’y avait personne. Nichols donne le ton et pendant longtemps on va se demander si ce personnage est bien réel. Il y a du conte dans cette entame. Ce Mud est génial pour les gosses. Tatoué et armé d’un flingue mais aussi d’une chemise !!! La chemise, vous verrez à la fin du film, c’est réellement une armure de super héros, celle qui lui a permis un jour de survivre à une terrible morsure de serpent ; les gamins y croient, et nous spectateurs adultes aussi. Il devient très vite leur héros, car il est romanesque à souhait. Pourquoi est-il sur cette île ? Info ou intox, c’est toujours la question que l’on se pose avec Mud. Il prétend avoir tué un homme pour libérer de son emprise la femme qu’il aime depuis l’enfance. Après avoir retrouvé sa douce, il projette de fuir avec elle sur le raffiot vers le Mexique. Mais il est recherché par la police pour meurtre et a besoin d’aide. Les deux jeunes, plus attirés par l’aventure que par l’école tels des Tom Sawyer et Huckleberry Finn du XXIème siècle (Y’a du Mark Twain là dedans), s’empressent de prêter main forte à cet inconnu quitte à se mettre en danger. Pourquoi donc ? Le goût de l’aventure bien entendu mais Mud représente surtout l’amour indéfectible ; Neck est orphelin, et Ellis a des parents qui se déchirent. Mud est l’espoir d’une histoire d’amour forte et éternelle. Ellis est attiré par ce dur romantique aux antipodes de son père qu’il juge falot. Il s’identifie à cet aventurier et voudrait vivre en parallèle une histoire d’amour semblable avec une jeune fille du lycée. Seulement voilà, au fil de l’histoire l’énigmatique Mud se révèle de moins en moins héroïque pour redevenir peut être tout simplement… humain ? Et sa promesse d’amour angélique est à la hauteur de la trahison qu’il va infliger à Ellis…Ce récit est donc aussi initiatique que romanesque ; Une âpre parenthèse entre la fin de l’enfance et le début de l’adolescence. L’apprentissage des compromis auxquels les adultes sont soumis, la découverte du mensonge, les premiers chagrins d’amour. De facture très classique et très loin de son précédent film « Take shelter » plus ambigü ; Jeff Nichols s’appuie sur un scénario très dense et des thèmes tellement universels qu’il vient de réaliser à coup sûr un grand film sur l’enfance qui s’enfuit. Nichols, 34 ans seulement, mais une future référence du cinéma US. « Les bêtes du Sud sauvage » d’un autre tout jeune réalisateur américain s’était aussi intéressé mais avec plus de dureté à ces classes populaires vivant pauvrement dans le bayou. Des gens tout de même heureux et amoureux du lieu dans lequel ils vivent, mais que le gouvernement pousse petit à petit à abandonner. Une vision non consumériste du bonheur oxygénant et paradoxalement venant des Etats-Unis. Comme Ben Zeitlin, Nichols filme avec beaucoup de soin ce long fleuve tranquille, qui même lorsque le rythme du récit s’endort, nous tient en haleine. Un coup de mou à une trentaine de minute de la fin mais pour mieux nous torpiller dans le final avec même une scène d’action tout de même assez bien foutue pour un cinéaste non amateur du genre. Et le casting tutoie le sublime : aucun acteur à jeter ; j’avais dit la même chose des comédiens amateurs des « bêtes du sud sauvage ». Présent à Cannes, l’an dernier, bizarre qu’il soit reparti sans rien. Et pour finir, j’ai bien aimé la bande son très folk et song writer.Dans Ecran Large, Laurent Pécha écrit : « Avec en toile de fond une Amérique profonde incroyablement cinégénique, "Mud" s'impose comme le meilleur film à hauteur d'enfants vu depuis longtemps. »
Sorti en 2013

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