De plus, si la démarche est louable, elle reste cependant complexe à mettre en œuvre, dans la mesure où :
- L'Etat porte d'autres politiques qui peuvent parfois entrer en conflit avec une valorisation maximale (sur le plan financier seul),
- L'Etat est un très mauvais gestionnaire de son patrimoine (mobilier et immobilier),
- L'Etat ne sait pas valoriser son patrimoine de manière professionnelle (et perd beaucoup).
Plusieurs dossiers, plus ou moins récents, illustrent cette situation : la cession des terrains à Champigny (pour laquelle l'ancien ministre Eric Woerth a été un moment inquiété), la valorisation échouée de l'Hotel de la Marine, le projet de mise en vente de l'appartement de l'Ambassadeur de France auprès de l'ONU à New-York ...
Ce constat pourrait s'arrêter là, mais ce serait porter préjudice aux fonctionnaires chargés de ces missions, si on ne s'intéressait pas aux capacités qui leurs sont données.
Ce mauvais principe de gestion, imposé par un manque de moyens, génère par la suite des coûts plus élevés que la somme des économies réalisées chaque année, pour réaliser soit un nouveau bâtiment, soit rénover totalement l'ancien. Car évidemment, cela se fait toujours dans la précipitation, dans des situation imposées par les risques pesant sur la sécurité des fonctionnaires y travaillant. C'est aussi du fait de ce mauvais principe de gestion que les routes et les établissements scolaires (collèges et lycées) se sont dégradés dans les années 80-90, amenant le gouvernement à les transférer aux collectivités pour leur faire peser la charge de la remise en état.
Dans certains cas, l'Etat envisage la valorisation. Mais les fonctionnaires ne sont pas des agents immobilier. La mise en pratique du principe de cession se déroule avec les délais de l'administration, induits notamment par les procédures de contrôle pour éviter les fraudes. Il ne perçoivent pas non plus la différence entre le "prix du marché" et la valorisation réelle du bien à céder. Et les jeux de pouvoirs entre les administration, dont Bercy qui veut toujours plus de rentrées financières, n'arrange pas la situation.
Mais le plus problématique concerne le patrimoine intellectuel. Car, dans la quête absolue de réduction des dépenses induite par la situation de la dette (dont 70% a été générée sous la présidence de Nicolas Sarkozy), Bercy impose des restrictions telles que les ministères ne sont plus en mesure de faire travailler correctement les fonctionnaires. Cela a plusieurs conséquences : il y a ainsi perte de productivité par manque de moyen (sans stylo, comment écrire ?), de motivation par manque de reconnaissance (comme dans le privé) ou encore perte de compétence par manque de pratique ou de formation.