Cet essai clinique de phase 1, mené à la Northwestern, suggère qu’il serait possible de réinitialiser le système immunitaire des patients atteints de sclérose en plaques (SEP) et montre déjà que le traitement en question est sûr. Un traitement qui consiste à filtrer les globules blancs des patients, les traiter et les coupler avec des antigènes de myéline. Cette phase I, présentée dans l’édition du 5 juin de la revue Science Translational Medicine a réduit la réactivité du système immunitaire à la myéline de 50 à 75%, selon les patients.
Dans la sclérose en plaques, le système immunitaire détruit la myéline qui protège les nerfs dans la moelle, le cerveau et le nerf optique. Lorsque cette enveloppe isolante est détruite, les signaux électriques ne peuvent plus être transmis et ce dysfonctionnement grave entraîne des symptômes handicapants, allant d’un engourdissement des membres à la paralysie ou la cécité.
Restaurer une fonction du système immunitaire normale : Le traitement mis au point par ces chercheurs va bloquer les réactions auto-immunes déjà activées et empêcher l’activation de nouvelles cellules auto-immunes, explique Stephen Miller, professeur de microbiologie-immunologie à l’Université Northwestern Feinberg School of Medicine et qui travaille sur le sujet depuis plus de 30 ans.
De quoi s’agit-il ? Les propres globules blancs des patients atteints de SEP sont traités et utilisés pour induire la production de milliards d’antigènes de la myéline dans le corps des patients. Durant ce processus, les cellules immunitaires vont apprendre à reconnaitre la myéline comme inoffensive et se développer rapidement. Ce processus entraîne ainsi le système immunitaire à développer une tolérance vis-à-vis de ces antigènes.
Ce premier essai de phase I, qui a porté sur 9 patients, montre que les patients ayant reçu la dose la plus élevée de globules blancs traités ont bien présenté la plus grande réduction dans la réactivité du système immunitaire à la myéline. Mais l’objectif d’une phase I est de démontrer l’innocuité et la tolérabilité du traitement et c’est le cas ici, puisque l’injection intraveineuse de 3 milliards de globules blancs déclencheurs d’antigènes de la myéline n’a entraîné aucun effet néfaste et n’a pas eu d’incidence sur leur immunité à de véritables agents pathogènes, comme le tétanos, par exemple. Un plus par rapport aux traitements actuels qui affaiblissent l’ensemble du système immunitaire, rendant les patients plus sensibles aux infections.
Suivra donc un essai de phase 2 pour valider, sur un plus grand nombre de patients, si ce traitement, pratiqué le plus précocément possible, avant que la myéline soit détruite, peut empêcher la progression de la SEP. Les chercheurs envisagent même déjà d’appliquer cette technique thérapeutique à d’autres maladies auto-immunes ou allergiques en adaptant les antigènes.
Source: Science Translational Medicine June 2013 DOI:10.1126/scitranslmed.3006168Antigen-Specific Tolerance by Autologous Myelin Peptide–Coupled Cells: A Phase 1 Trial in Multiple Sclerosis(Visuels Myelin Repair Foundation)
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