Ces scientifiques de Stanford nous révèlent comment le cerveau fabrique son propre Valium, une protéine naturellement sécrétée dans certaines zones cérébrales, capable d’agir comme un tranquillisant, en particulier contre certains types de convulsions, dan l’épilepsie par exemple. Ces conclusions publiées dans la revue Neuron identifie la protéine comme une cible prometteuse pour le développement de nouvelles thérapies pour l’épilepsie et les troubles anxieux et du sommeil.
La protéine en question, ici nommée « DBI » est également connue sous un nom différent, ACBP, présente dans chaque cellule du corps, où elle joue un rôle de transporteur cellulaire. Mais dans ce circuit cérébral spécifique, elle agit comme un inhibiteur de liaison du diazépam ou « DBI » (diazepam binding inhibitor), se transforme en un composé antiépileptique naturel et agit comme le Valium avec les mêmes effets neurologiques.
Ce n’est pas la première substance endogène à induire des effets psychoactifs. Les endorphines, d’autres protéines endogènes une aussi une activité biochimique et des propriétés analgésiques similaires à celles des opiacés. D’autres protéines endogènes, les endocannabinoïdes imitent les actions des composants psychoactifs du cannabis ou de la marijuana.
DBI, GABA et inhibition : Dans le cerveau, DBI se lie à des récepteurs présents à la surface des cellules nerveuses et sensibles à un messager chimique ou neurotransmetteur, appelé GABA. 20% de toutes les cellules nerveuses inhibitrices secrètent GABA, qui se lie aux récepteurs des cellules nerveuses voisines, rendant ces cellules temporairement incapables d’émettre par elles-mêmes des signaux électriques. Les benzodiazépines augmentent l’inhibition induite par GABA mais par liaison à un site différent sur les récepteurs de GABA par rapport au site auquel se lie GABA. Cela modifie la forme des récepteurs et les rend hyper-sensibles au GABA. Certains de ces récepteurs sont également sensibles aux benzodiazépines et DBI va aller se lier sur ces récepteurs, au même site que celui auquel se lient les benzodiazépines.
Dans le noyau réticulaire thalamique, DBI a le même effet que les benzodiazépines : Dans cette étude, les chercheurs décryptent la fonction de DBI dans le thalamus, une structure cérébrale profonde qui relaie l’information sensorielle, impliquée également dans les crises d’épilepsie. Les chercheurs montrent en particulier que, dans le noyau réticulaire thalamique, un cluster de cellules nerveuses qui secrètent GABA, DBI a le même effet d’inhibition des récepteurs GABA que les benzodiazépines.
· Sur des souris transgéniques avec récepteurs défectueux, les auteurs montrent que DBI n’a plus aucun effet.
· Sur des souris transgéniques avec récepteurs intacts mais privées de gène DBI, les scientifiques montrent une diminution de l’activité inhibitrice des récepteurs à GABA.
· Lorsqu’ils rétablissent le gène DBI, ils restaurent l’effet d’inhibition des récepteurs.
· Enfin, DBI a le même effet d’inhibition sur les cellules nerveuses dans une région thalamique, le circuit cortico-thalamique, où la protéine n’est pas produite et semble n’être libérée que via le noyau réticulaire thalamique. L’action de DBI sur les récepteurs GABA ne se produit que dans certaines zones spécifiques du cerveau.
En décryptant DBI ou ses fragments peptidiques, il semble donc possible de développer des agents antiépileptiques capables d’ » étouffer les crises dans l’œuf » en inhibant les signaux électriques responsables.
Source: Neuron 30 May 2013 10.1016/j.neuron.2013.04.026Endogenous Positive Allosteric Modulation of GABAA Receptors by Diazepam binding inhibitor et Stanford Brain makes its own version of Valium, scientists discover(Visuel NIAID “Communication Networks in the Brain”)