"Everything within" - Kalima

Publié le 07 juin 2013 par Paulo Lobo
Le disque s'appelle "Everything within". Il est signé du trio Kalima, composé de Sascha Ley à la voix, de Laia Genc au piano et d'Anne Kaftan au saxo et à la clarinette.Ce disque est bien plus que du beau travail. Il est plein d'autres choses, surtout il est plein de sentiers enfouis dans la forêt ou la jungle.Je le tiens dans mon bagage depuis quelques semaines. Je l'ai écouté une ou deux fois au début, et je me suis dit : "c'est un très beau disque, mi-jazz, mi-chemins du monde". Et je voulais trouver les mots pour l'écrire. J'ai laissé passer le temps. J'ai écouté et réécouté l'album à diffèrentes reprises. Et je me suis dit, avec une conviction de plus en plus profonde, "il est vraiment bon, ce disque, il devient meilleur à chaque revisite." Du coup, j'ai attendu pour pondre un texte. Et j'ai laissé infuser, en suivant la méthode à l'ancienne, c'est-à-dire que j'ai fait de ce cd mon oeuvre de chevet, je l'ai mis et remis dans la fente du lecteur, dans différents contextes et éclairages, pour à chaque fois repartir en voyage avec Kalima. Parce que c'est bien de voyage dont il s'agit. "Everything within" est une ode à l'errance et à l'éveil des sens. Mais le disque évoque autant l'exploration dans les rues et par-dessus les mers que la promenade intérieure, dans les méandres de notre globe crânien. Les onze chansons peuvent être la bande-son d'un périple à l'autre bout du monde comme elles peuvent être les échos fragmentés de voyages réels ou imaginaires. Oui, il s'agit de contemplation, il s'agit de réflexion et de réfraction, on est dans un jeu avec la lumière, le clair-obscur, les images dans le miroir, les impressions qui se cueillent et recueillent, se toisent, se frôlent, se mélangent, le moi qui s'oublie dans la fixation de l'autre, dans la fusion avec l'ailleurs. Avec cet album, on redécouvre le plaisir des yeux qui regardent. Des musiques lancinantes s'immiscent en vous, vous font regarder les choses et les êtres périphériques avec plus d'intensité, avec tout à la fois de la chaleur et de la distance, comme le ferait un voyageur de passage dans un lieu.C'est un disque qui prend son temps. Comme en amour, les chansons ne comptent pas. Elles échappent à la norme radiophonique. Elles vont où elles ont envie d'aller, respirant les minutes qu'elles veulent, tranquilles, sereines, espiègles.Que dire de la qualité d'écriture et de réalisation? Cherchons les synonymes des adjectifs excellent et inspiré. Ou alors disons simplement: "j'adore! La voix, la clarinette, le piano, les percussions..." Oui, Kalima parvient à une harmonie presque parfaite - je dis 'presque' parce que la perfection est pour moi une notion qui charrie quelque chose de froid et de calculé, alors que ce disque nous irradie de sa grâce, sa spontanéité, son bonheur d'expérimenter et de faire s'entrelacer la voix et les instruments.Je pourrais continuer à broder longtemps sur ce "Everything within" - sur ce blog, je bavarde comme je veux, au gré de mon temps et de mes humeurs... Par exemple, je pourrais me demander quel est mon titre préféré... mais je pense que je les aime toutes, ces 11 chansons, je retrouve depuis quelques jours leurs ambiances et contours dans mon esprit, je n'ai pas besoin de remettre le cd, elles sont dans mon disque dur intérieur. Et ce qui est bien aussi, c'est qu'elles s'imprègnent de tous les paysages que je prends, elles m'accompagnent dans mes petits voyages à moi, dans le train,  quand je scrute les autres galériens, dans la voiture, sur ma route jusqu'à Remich, à midi, quand je plonge dans le ballet des rues au centre-ville ou dans le quartier de la gare, et que je prends le froufroussement des êtres qui se grouillent. Ces chansons qui ont en elles un esprit vagabond, beaucoup d'Inde et probablement aussi d'Europe, d'Afrique ou d'Amérique, voilà qu'elles m'exotisent mon petit Luxembourg à moi...Bon, j'arrête ici, le but principal de ce texte étant de vous convaincre de l'excellence de ce deuxième album de Kalima, et de vous inciter à en faire votre écoute de référence.Pour le reste, je veux bien continuer à débattre de mes circonvolutions musicamentales autour d'un café un de ces jours.