La FAO presse de mettre fin à la malnutrition. Comment la France y répond-t-elle ?

Publié le 06 juin 2013 par Cmasson

La FAO (Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture) vient de le rappeler : deux milliards de personnes souffrent d'une ou plusieurs carences en micronutriments, et un quart des enfants de moins de cinq ans présentent un retard de croissance.

La malnutrition est une intolérable souffrance pour ceux qui en sont victimes, d’autant plus choquante que l’on sait aujourd’hui la soigner  efficacement, rappelle Action contre la Faim. Pour ACF, il n’est pas acceptable de laisser des millions d’enfants s’amoindrir ou même mourir de malnutrition, alors même que les solutions sont connues pour les sauver.

Par ailleurs, le coût de la malnutrition pour l'économie mondiale, causé par la perte de productivité et les coûts directs des soins de santé, est inacceptable, insiste la FAO : il pourrait même représenter jusqu'à 5 pour cent du produit intérieur brut mondial. Un montant qui équivaut presque au PIB annuel de l'Allemagne, la plus grande économie d'Europe!

En savoir plus : http://nutrir.actioncontrelafaim.org/

Chacun s’accorde à dire qu’il est temps de combattre efficacement la malnutrition. La question est aujourd’hui de savoir comment, avec quelles politiques et quels moyens. Alors que le ministre délégué au Développement, Pascal Canfin, a réitéré en mai l’engagement de la France pour lutter contre ce fléau, la France consacre aujourd’hui peu de priorité à la lutte contre la faim et la malnutrition.

« Malgré des estimations rendues très difficiles par le manque de transparence de l’aide au développement française, un récent rapport estime que moins de 2% de l’aide française est consacrée à la lutte contre la faim et la sous-nutrition. La France doit faire coïncider sa parole avec des actes concrets en engageant bien plus que 2% de son aide publique au développement au service de programmes de lutte contre la sous-nutrition, » témoigne Benoît Miribel, Président d’ACF.

Les mères et jeunes enfants en première ligne

Aujourd’hui encore, la sous-nutrition est en cause dans plus d’1/3 des décès des enfants de moins de 5 ans à travers le monde. La FAO rappelle aussi qu’au-delà  de ces décès évitables, elle cause des handicaps physiques et cognitifs irréversibles chez les enfants.

Pour mieux faire comprendre les effets ravageurs de la malnutrition sur le développement des enfants comme des pays, pour montrer que la lutte contre la sous-nutrition est une question  d’humanité et d’efficacité économique, Action contre la Faim a lancé la campagne Nutrir : http://nutrir.actioncontrelafaim.org/

La France saura-telle entendre l’appel lancé aujourd’hui par la FAO comme par Action contre la Faim ?

La lutte contre la faim : un trompe-l’œil ?

Au cours de  ce sommet du 8 juin sera également discuté  le rôle de la « Nouvelle Alliance pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition », lancée lors du Sommet du G8 de Camp David en 2012, qui prétendait promouvoir la sécurité alimentaire en Afrique en encourageant des investissements accrus de multinationales dans 6 pays test en Afrique subsaharienne. Aujourd’hui, plusieurs acteurs de la société civile et humanitaire, dont ACF, s’interrogent sur le véritable objectif de cette alliance : s’agit-il vraiment de lutter durablement contre l’insécurité alimentaire, ou d’ouvrir de nouveaux marchés à des entreprises puissantes, en risquant de fragiliser encore l’agriculture familiale et paysanne ? Dans son rapport, la FAO insiste sur le fait que mettre les systèmes alimentaires au service d'une meilleure nutrition est une tâche complexe qui nécessite des capacités de commandement,  un engagement politique fort au plus haut niveau et une gouvernance solide des systèmes alimentaires. Si, comme l’avait indiqué  Pascal Canfin, la France souhaite « infléchir  ses orientations dans un sens autre que l’agrobusiness, la monoculture et l’exportation », il est de son rôle de peser sur les débats internationaux pour assurer que les politiques à venir  servent avant tout la sécurité nutritionnelle des plus vulnérables.

Contacts presse : 

Christina Lionnet  01.43.35.82.37  clionnet@actioncontrelafaim.org

Julia Belusa 01.43.35.82.22   jbelusa@actioncontrelafaim.org