Notre bande habituelle s'est reformée presque au complet samedi dernier chez Olivier à Rochechouart. Même si la ville semble valoir le détour, je n'ai pas fait de tourisme. Nous sommes passés direct aux choses sérieuses : le champagne, confortablement installés autour d'un feu de cheminée. Je trouve ça d'un délicieux décalé avec les 30 ° affichés du jour. Mais croyez-moi, il y a encore cinq jours, ce feu était le bienvenu ;-)
Patrick et Delphine avait préparé les mises en bouche :
Langoustines et asperges vertes
Foie gras
Guacamole et crumble salé,
Le champagne qu'ils avaient amené était vraiment très bon : nez sur des notes de pralin, de brioche, de fruits secs. Si bien que j'étais parti sur un blanc de blancs. Perdu : c'était un blanc de noirs Tradition d'Egly-Ouriet. Deuxième fois en deux mois que je croise ce producteur : j'apprécie beaucoup ce style dense et vineux qui sait rester gourmand et sensuel. Un très bel équilibre.
Pour une fois, nous avons beaucoup moins parlé vins et mangeaille, chacun parlant plus des domaines qui le passionnent. Olivier C. de cinéma, Olivier R. de musique, et Stéphane du dernier concert des Spars auquel il assistait quelques jours plus tôt. Et puis ce gourmand en a profité pour aller à Yam'Tcha. Y en a qui ont la belle vie !
Stéphane s'est lancé dans une recette de Michel Roth que vous trouverez ICI : asperges vertes, foie gras voilé au comté jeune, sabayon au vin jaune. Eh bien c'était très bien réussi : les asperges étaient cuites parfaitement, le sabayon goûteux, le comté voilant à souhait... Mais surtout le vin jaune qui accompagnait le plat était superbe : un nez sur la noix grillée et le curry, avec une touche de "croûte de vieux comté". Une bouche ample et harmonieuse, caressant le palais, avec une acidité imperceptible. Et une finale longue et épicée. Même s'il a encore la fougue de la jeunesse, il est déjà prêt à boire. Peut-être le millésime y est pour quelque chose : c'est un Château-Chalon 2003 de Macle ! L'accord est évidemment magnifique. On se régale !
Stéphane avait ajouté à la recette d'origine quelques ornithogales dont j'avais causé ICI et LÀ.
Olivier R, notre hôte du jour nous avait préparé un couscous à la viande fondante et à la semoule multicolore. Je me suis vraiment régalé. Mais là aussi, le plat a été transcendé par le premier vin qui nous fut servi, d'une fraîcheur bouleversante, prolongée par une finale riche et épicée. Nous avons patiné grave pour trouver son origine, alors que cette acidité magnifique aurait dû nous guider : il n'y a qu'en Italie qu'il maîtrise le sujet à un tel niveau de perfection. C'était un Barbaresco "Il Bricco" 1998 de Pio Cesare. Belle surprise à la vue de l'étiquette : je n'aurais jamais imaginé que ce vin puisse avoir 15 ans, quand bien même les tannins étaient parfaitement polis. Il est probable qu'il puisse tenir 15 ans de plus.
Olivier nous a ensuite servi un second vin dans une carafe étrange qui m'a rappelé une longue discussion sur LPV : l'Ovarius
Je ne peux résister à la description de l'objet faite alors par le créateur :"OVARIUS est une création quadridimensionnelle émanant de recherches en Energie Cinétique. Cela conduit naturellement à dire que l'Energie est de l'Information en Mouvement et permet d'affirmer que chaque Etre est une fractale de l'Univers. Les informations contenues dans le vin sont un essentiel à l'évolution de l'Homme.
OVARIUS est créé comme Révélateur de l'Energie du Vin, offrant à l'Etre l'élévation de conscience par la 4e dimension qui est le Mouvement. Déguster le Vin dans OVARIUS, c'est découvrir le Vin autrement. Cela encourage à aller chercher des vins vrais pour se plonger dans l'agriculture des terroirs de notre planète, à la redécouverte de nos racines, par une vinification artisanale, seule respectueuse du Vin, élevé par des artistes, qui, par amour, proposent, mais n'imposent pas la Vie au Vin."
A priori, le vin servi était fait par un(e) artisan(e) et était donc réceptif à ce Révélateur. Mais il a tout de même sacrément souffert de suivre le vin précédent, tellement parfait. Celui-ci est plus riche, plus mûr, avec des notes de garrigue et de résine bien marquées. Servi (seul) sur de l'agneau confit longuement avec forces herbes de provence et d'ailleurs, je pense qu'il aurait pu être splendide. C'était le Clos de Cistes 2003 de Peyre-Rose.
Ayant passé les deux jours précédents à Saint-Émilion, j'avais choisi cette fois-ci de m'occuper du fromage. Enfin, il était surtout là pour accompagner le vin. L'après-midi même, je suis allé à Limoges dans deux fromageries : dans l'une j'ai acheté un vieux Fribourg, dans l'autre un comté de 36 mois. J'avais pris aussi le temps de faire griller quelques amandes et noisettes qui apportaient un contrepoint intéressant aux fromages et au Château Châlon 1973. Celui-ci était dans un registre plus fin et aérien que le Mâcle 2003, à la limite de l'impalpable. Ce qui ne l'empêchait pas d'avoir une belle vigueur aromatique (très marquée par les épices orientales).
Ayant oublié de photographier les assiettes de service, j'ai pris une photo de ce qui n'a pas été mangé ce soir-là ;-)
Et maintenant le dessert préparé par Olivier C, naviguant entre cheese cake et tarte au pommes et au caramel. Cela correspondait à notre soirée hivernale du 1er juin ;-) Avec celui-ci, une douceur tout autant caramélisée, avec des senteurs d'orange et de fruits confits, de miel. La bouche est bien équilibrée, sans lourdeur. Un Monbazillac ? Presque : un Saussignac 2001 du château Court les Mûts.
Y a même pas eu de digeo... Il faut dire que nous avions la route à reprendre, et qu'il était tout de même 1h30 du mat' lorsque nous sommes repartis... Merci en tout cas à Olivier R d'avoir managé cette belle soirée avec beaucoup de talent. Nous nous sommes régalés !