1.
Cette tombe s’est soulevée,
tes os se sont mis debout ;
mais personne quand le vent
à son tour, s’est levé.
2.
J’ai vu sortir de la terre
une ombre qui soufflait
sur la flamme de l’air ;
puis elle se dissipa.
3.
De la poussière voletait
sur cette tombe de terre,
mais ma main n’en a pu
saisir le moindre grain.
4.
Personne, ou la mort ; ou
quelqu’un était là et là,
qui pourrait revenir ici me
tendre une main qui n’est plus.
5.
Qui marche à côté de moi ?
Personne, dites-vous ? Mais
derrière moi, ou devant ?
Ou en dedans de mon corps ?
6.
C’est un oiseau battant
des ailes ; non, c’est une
vapeur venue d’en bas,
de cette tombe toute fraîche ?
7.
La tombe émit un cri :
allait-elle se rouvrir ?
Non, car j’en étais la morte
qui s’y recoucha très vite.
8.
Deux mois sous une terre
où rien n’a poussé. Qu’
a-t-elle vu, la morte, de ces
forsythias en fleur là-bas ?
9.
Je me suis relevé sans jambes,
marchant en crabe sur les coudes ;
plains-toi ! La mort viendra
te faire beaucoup plus de torts.
10
Les morts ne marchent plus,
mais cette morte m’a poussé
doucement, comme un souffle
dépose une feuille à terre.
[...]
Louis-François Delisse, À Gambo, enterrée
au cimetière de Thiais depuis le 3 janvier 2011, avec quatre st-les de
Jean-Pierre Paraggio, Collection de l’Umbo, série Passage du Sud-Ouest, 2013.
[Texte porté à la connaissance de Poezibao
par Ivar Ch’Vavar.]
Louis-François Delisse dans Poezibao :
bio-bibliographie,
Notes d’hôtel (parution), Louis François Delisse, poète couleurs de
l’homme (par FX Farine), extrait
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