Face aux risques pour la santé de certaines pilules contraceptives classiques, les pilules dites " naturelles " sont-elles la bonne solution?
Les pilules contraceptives classiques présentent des risques cardio-vasculaires et veineux connus, notamment le risque de phlébites et de formation de caillots sanguins dans les veines pouvant conduire à des accidents mortels (accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde, embolie pulmonaire). Ce risque est cependant rare. Il est selon l'Agence de Sécurité du Médicament(ANSM) de l'ordre de 2 à 4 " événements " pour 10 000 femmes prenant un contraceptif oral estroprogestatif (COC) pendant un an. Mais il est augmenté chez les femmes prenant la pilule qui fument, ont un diabète (glycémie élevée) ou des taux augmentés de cholestérol ou de triglycérides, et chez les femmes ayant une hypertension artérielle, une surcharge pondérale ou un âge supérieur à 35 ans.
Ce risque est lié à l'association d'estrogènes et de progestatifs. Pour tenter de le réduire, les laboratoires pharmaceutiques Bayer et Théramex ont mis au point des pilules dites " naturelles " composés certes d'estrogènes " naturels " identiques à ceux que produisent les femmes, mais intégrant aussi des progestatifs qui eux sont de synthèse.
La pilule Qlaira, commercialisée par Bayer, est composée d'un estrogène naturel, le valerate d'estradiol et d'un progestatif semi-synthétique, le diénogest.
La pilule Zoely, commercialisée par Théramex, est composée d'un estrogène naturel, l'estradiol et d'un progestatif, le nomégestrol acétate (Nomac), un produit dérivé synthétique issu de la progestérone.
Mais une nouvelle étude danoise présentée fin mai à Copenhague dans le cadre de la conférence mondiale sur la reproduction, la sexualité et la contraception par Ojvind Lidegaard de l'hôpital Universitaire de Copenhague, et rapportée par notre confrère " Le Monde ", vient de conclure que ces pilules présentaient aussi des risques et multipliaient par 4,7 le risque de phlébites et de thromboses veineuses responsables d'embolie pulmonaire. Le recul de trois ans de cette étude est cependant insuffisant pour tirer des conclusions définitives sur les effets secondaires de ces pilules dites " naturelles " et qui sont abusivement qualifiées de " bio ".
Hervé de Malières