Mercredi soir, un jeune homme de 19 ans, étudiant à Science-Po, syndicaliste à Solidaires Étudiant-e-s et membre d'Action antifasciste Paris-banlieue, a été battu à mort, en plein Paris, par des hommes identifiés comme étant des skinheads.
Clément Méric se trouvait, jeudi matin, en état de mort cérébrale, à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière (Paris-XIIIe). Selon une source policière, une vente privée de vêtements était organisée mercredi rue Caumartin (IXe arrondissement) à laquelle assistaient plusieurs personnes, dont la victime qui était avec trois autres camarades. Trois skinheads, dont une femme, sont arrivés dans les lieux et il y a eu invectives, bousculades, selon les premiers éléments de l'enquête confiée au 1er district de police judiciaire (DPJ) se basant sur de « nombreux témoignages directs ».
Selon les premiers éléments de l'enquête, les skinheads sont sortis et ont attendu devant le magasin ce groupe de quatre jeunes gens avec qui il y avait eu les échanges « très houleux ». La victime, Clément, « a été frappée par l'un des skins qui avait un poing américain et a chuté sur la chaussée en heurtant un plot au passage ». Clément Méric a été transporté à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière où il était dans la nuit « dans un état désespéré », a expliqué le ministre de l'intérieur Manuel Valls.
Les agresseurs portaient « des bombers et des rangers », selon 20Minutes.fr. L'un d'eux aurait projeté le militant contre un poteau métallique. « On était à une trentaine de mètres avec ma copine et on a entendu un gros boum quand sa tête a heurté le poteau », a raconté un témoin au site Internet. Selon un autre témoin de la scène, interrogé par RTL, un membre du groupe des agresseurs avait le crâne rasé et un tatouage avec une croix gammée dans le cou, tandis que l’« un de ses collègues », « skinhead aussi », portait « un tee-shirt du Front national ». Interrogée par RTL, Marine Le Pen s’est empressée de préciser que son parti n'avait « aucun rapport, ni de près ni de loin » avec l'agression « inadmissible », « épouvantable » de Clément Méric. « S'il est démontré que ces groupements (comme les JNR) donnent des instructions de violence à leurs membres, alors oui (une dissolution) peut être envisagée », a-t-elle déclaré.
Alexis Corbière, conseiller de Paris et secrétaire national du mouvement de Jean-Luc Mélenchon, dénonce dans un communiqué, à 23 heures, « l'horreur fasciste (qui) vient de tuer en plein Paris » et accuse le « Groupe JNR (Jeune nationaliste révolutionnaire) » d’être à l’origine de cette action.
Ce qu’a démenti à l'AFP le leader de JNR, Serge Ayoub, alias “Batskin”, rejetant par ailleurs la responsabilité de la bagarre sur les militants d'extrême gauche. Dans cet entretien à l'AFP, Ayoub affirme avoir « eu le temps de se renseigner » sur l'agression. Il affirme que les jeunes skins mis en cause « ont eu le malheur d'avoir les cheveux trop courts et une marque de blouson qui déplaît à d'autres ». Selon lui, ce sont les jeunes, dont Clément Méric, qui ont attendu le groupe de skinheads à la sortie du Citadium, et ce sont eux qui « ont porté les premiers coups ».
Manuel Valls, le ministre de l'intérieur, a annoncé ce jeudi à la mi-journée, que plusieurs personnes, « dont l'auteur probable » du coup porté à Clément Méric, ont été interpellées. Quatre personnes ont été interpellées au total, a indiqué une source policière à l'AFP. Toujours selon l'AFP, les enquêteurs ont « rapidement disposé » de signalements précis et de photos, ainsi que de témoignages directs. Selon cette source anonyme à l'agence de presse, certaines des personnes arrêtées, « graviteraient » autour du « noyau dur » des Jeunesses nationalistes révolutionnaires. Elles ont été placées en garde à vue.
Dès jeudi matin, gauche et droite ont fermement condamné l’agression. Dans un communiqué, le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, a assuré de « sa totale détermination à éradiquer cette violence qui porte la marque de l'extrême droite ». Dans un communiqué, François Hollande « condamne avec la plus grande fermeté l’agression » et évoque un « acte odieux ». Jean-François Copé a lui aussi condamné cette « agression barbare », « ce crime atroce ».
Des associations comme le Mrap et le Crif ont demandé la dissolution des groupuscules d’extrême droite. « Ce meurtre soulève la question de la recrudescence des agissements des groupes d'extrême droite », estime dans un communiqué le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples. Tandis que le Crif se dit « pleinement mobilisé aux côtés des forces démocratiques pour lutter contre tous les fanatismes et extrémismes qui endeuillent notre pays » et demande aux autorités « d'agir avec la plus grande et la plus sévère des fermetés ».
De son côté, le FN a diffusé un communiqué non pour dénoncer cette agression mais pour expliquer que « selon une source proche de l'enquête, et contrairement à ce qui a été complaisamment diffusé ce matin sur RTL, aucun des agresseurs du jeune Clément, n'avait de vêtement marqué “Front National” ». Le FN a annoncé des poursuites judiciaires pour ceux qui diffuseraient cette « fausse nouvelle particulièrement diffamatoire ». Le mariniste Gilbert Collard a quant à lui renvoyé extrême droite et extrême gauche dos à dos : « Il y a des mouvements d'extrême droite et d'extrême gauche localisés par la police, qui sont extrêmement agressifs et qu'il faut absolument éradiquer », a-t-il déclaré.