Magazine Asie
Dans mes rêves d'enfants, j'ai une maison-jardin.
J'avais huit. C'était des vacances en Espagne et dans une ville, une veille femme nous a fait visiter sa maison. Elle était la veuve d'un toréador renommé et toute la grandeur de sa gloire passée pétillait dans ses yeux. Je me rappelle encore du lieu. Une maison ouverte sur un patio fleuri en rotonde avec des myriades de bougainvilliers.
J'étais un peu plus âgée quand j'ai découvert les serres du Jardin des Plantes. Une jungle apprivoisée avec un étang dans un dôme de métal et de verre. Et puis, encore plus tard, les maison japonaise avec leur jardins intérieurs ont finis de modelé mon idéal fantasmé.
Si j'avais beaucoup, beaucoup d'argent, j'aimerai être mécène et ouvrir une galerie d'art.
J'aimerai aussi avec un foyer ouvert sur jardin. Que se soit une maison ou un loft, tant qu'il y a des plantes et de l'eau. Un bassin artificiel avec des nénuphars et des arbres. Des grands arbres. Parce que les arbres sont le lien entre tout, la vie et la mort, la terre et le ciel.
Moi et le monde.
Mes connaissances en botaniques sont limitées, je ne suis même pas assez débrouillarde pour me qualifier de jardinier du dimanche.
Je gratte pourtant la terre dès que j'ai l'occasion.
Je rêve d'un jardin simple et un peu fouillis, comme cette nature artificielle des parc japonais ou ce bordel fleuris des jardins anglais. Je rêve d'une forêt sauvage avec des grumes pourrissantes et des lianes, et du gui. Des champignons parasites.
Je rêve de Yakushima.
Je rêve d'une serre au dôme gigantesque, habitée d'oiseaux et de papillons, grouillantes d'insectes. De vie. Une nature miniature, sous cloche et pourtant, pas totalement domestiquée.
Dans les allée du salon l'Art du Jardin qui se tenait sous la nef gigantesque du Grand Palais, j'ai rêvé les yeux ouverts, rivés sur l'objectif. Déambulée dans les allées de pépiniéristes renommés, de vendeurs de mobiliers de jardin luxueux, entre des paysagistes et des designers à l'affût du riche client, j'ai contemplé la végétation, cherché la poésie dans les mottes nues des arbres protégée dans de la jute.
Coupées de la Terre.
J'ai évité les regards avides de ceux venus faire leur marché, de ces gens trop pressés qui achètent une fortune un arbre de 20 ans plutôt que de le planter petit et de le regarder pousser, amoureusement.
Le prix de la patience. Le prix d'une société de consommation où tout s'achète, même le temps.
Surtout le temps.
Ici les humains me dérangent.
J'ai mis mon gros casque et écouté de la musique (Emancipator).
Je me suis évadée de ces gens trop différents, qui sentaient plus l'argent que l’humus. J'ai respiré ces fleurs étranges au parfum de curry. Respiré l'humidité artificielle.
En plein Paris, un havre vert à 18 euro l'entrée.
Je ne regrette pas d'avoir ainsi vu pour la première fois cette zone du Grand Palais. Quatre heure passée à observer et photographier, en musique. Découvrir quelques artistes, prendre quelques adresses. La visite fût sympathique et riche. D'ailleurs, j'ai encore quelques bricoles à partager avec vous dans mes prochaines messages.
Cependant, pour la prochaine édition, je ferai plutôt une ballade dans une vraie forêt, ou au Jardin Albert Khan que j'affectionne tant.
Et vous, vous le voyez comment votre jardin idéal ?
Copyright : Marianne Ciaudo