Airbus affiche son optimisme – mais reste prudent.
C’est beau, l’optimisme, ŕ l’avant-veille d’un grand salon de l’aéronautique. C’est magnifique, un carnet de commandes qui déborde de toutes parts. Voici Airbus comblé, avant męme de révéler quelques commandes de plus au Bourget, puisque telle est la rčgle médiatique. Chez Boeing, cela va également trčs bien.
Est-ce le moment de jouer le trouble-fęte, d’évoquer un risque de Ťbulleť qui pourrait éclater sans prévenir ? Sans doute pas, bien que l’on constate ces semaines-ci, davantage chez Boeing que chez Airbus, un nombre relativement élevé d’annulations. Mais ce pourrait n’ętre qu’un pur hasard. En revanche, on est évidemment en droit de s’interroger sur la solidité de quelques compagnies low cost aux ambitions fracassantes et qui achčtent des avions par brassées entičres, par exemple Lion Air et Norwegian.
D’autres grands acheteurs évoluent au-dessus de tout soupçon, par exemple, prętes ŕ signer de nouveaux contrats, Air Asia, Kuwait Airways, THY, et Lufthansa. Elles se préparent ŕ confirmer, peut-ętre au Bourget, des engagements annoncés au cours des derniers mois, ce qui permet d’ores et déjŕ d’affirmer qu’Airbus vivra, en termes de ventes, une excellente année 2013, bien meilleure que les prévisions initiales qui faisaient état de 700 commandes environ. Ce sera maintenant Ťlargement plus de 800ť. Seul l’A380 est ŕ la peine, la demande pour les trčs gros porteurs restant atone. Le 100e A380 a été livré en mars dernier, une petite trentaine le seront cette année, soit une cadence de production qui reste trčs inférieure aux espoirs toulousains.
La situation est autrement préoccupante pour le 747-8 : le 50e exemplaire vient d’en ętre livré mais les commandes nouvelles ne suivent pas. Ce qui n’empęche pas les dirigeants de Boeing d’afficher un bel optimisme au point de répéter que la production du 747 continuera Ťau fil des prochaines décenniesť.
Et le risque de Ťbulleť ? N’en déplaise aux esprits chagrins, il s’est éloigné. Tout d’abord parce que le transport aérien, dans son ensemble, retrouve des couleurs, au plan financier s’entend, tandis que la croissance du trafic se poursuit autour de 5% par an. D’autre part, les plus inquiets des observateurs négligent souvent les fondamentaux. A savoir que la demande actuelle, en avions supplémentaires, reste dans des limites raisonnables, c’est-ŕ-dire justifiables sur des bases solides.
Airbus, dont le sérieux des études de marché est reconnu, estime que 28.000 avions (de plus de 100 places) seront livrés en 20 ans. Ce qui correspond ŕ un rythme annuel de 1.410 appareils, ŕ répartir grosso modo ŕ 50/50 entre les deux grands avionneurs rivaux. Actuellement, ils engrangent des commandes en nombres plus élevés mais sans doute des années maigres compenseront-elles tôt ou tard cet emballement. Et cela sans que les ordres de grandeur ne soient disproportionnés. Autrement dit, en termes de tous les jours, tout va bien.
Pierre Sparaco - AeroMorning