Mois de juin très controversé pour le tisseur de toile, puisque parait le fameux épisode 700 dans la revue Panini mensuelle. On n'avait pas vu une telle levée de bouclier depuis... depuis quand, tiens? Probablement depuis One More Day, et le troc mystique de l'Araignée. Mon mariage contre mon identité secrète et la vie de ma tante. Ah c'est beau l'amour... Retour sur ce grand moment (...) publié dans un Marvel Deluxe, pour les collectionneurs.
Dans la belle collection des Deluxe, donc, j'ai demandé un album décrié. Avec l’opération One More Day Spider-Man a donc subi un relaunch des plus controversés. Depuis les encore récents événements sans retour liés à Civil war, durant laquelle Peter Parker avait révélé sa double identité au grand public lors d’une conférence de presse mémorable, les choses sont allées de mal en pis. Peter avait fini par douter des méthodes de son nouveau mentor, Tony Stark, et avait rejoint le maquis avec les autres super héros dissidents. Ensuite le Kingpin, caïd du crime, n’a eu aucun mal à commanditer l’assassinat de la légendaire Tante May, même si en retour il a du subir une humiliation douloureuse, sous les poings vengeurs de Spidey. C’est là que Marvel est pris de court : comment aller plus loin encore dans le «noir» (L’Araignée endosse à nouveau son costume sombre pour mieux faire comprendre que par les temps qui courent, mieux vaux ne pas lui chercher de noises) sans renier les fondements mêmes du personnage, depuis toujours insouciant et ironique, et qui avait fini par devenir un énième redresseur de torts torturés et au modus operandi violent. Comment venir à bout d’un statut-quo qui a tenu en haleine pendant des mois (la Tante May en fin de vie aux urgences, Spidey fugitif est recherché par ses pairs, son identité secrète est à l’eau…) mais qui menace de finir fatalement dans une impasse narrative, Peter Parker ne pouvant avoir un destin, une trajectoire, à la Matt Murdock (et encore moins à la Frank Castle). Et il reste un détail non négligeable dans l’affaire : Marvel, tout comme Dc, est une major du comic-book et en tant que telle, ses parutions doivent être rentables et éviter les prises de risque alambiquées, comme peut l’être la métamorphose caractérielle radicale d’un de ses héros de référence. Abracadabra, Deus Ex Macchina des plus classiques, un bon gros tour de magie et l’affaire est dans le sac! C’est Mephisto (en gros le Diable) qui sort Peter du pétrin, en sauvant son identité (plus personne ne se souvient de la fameuse conférence de presse) et sa tante (qui gambade à nouveau comme en quarante, et d'ailleurs, elle se marie par la suite avec le père de Jameson, pour n'apparaître plus que sporadiquement dans la série. Cela valait-il de jeter un mariage par la fenêtre, Peter?), en échange, tout de même, de son couple. Exit Mary-Jane Watson, épouse Parker, notre bon vieil homme araignée est à nouveau célibataire, fauché comme les blés, journaliste free-lance au Bugle (qui va changer de nom et de propriétaire) et capable de blaguer et faire les pires calembours dans les situations les plus extrêmes. Il suffirait de ressusciter Steve Ditko, de lui confier la partie graphique, et on se croirait dans les sixities, les amis !
Sachez que c'est du Spidey, donc c'est vendeur, et que c'est Joe Quesada qui dessine, donc c'est assez beau, qu'il y a quand même de l'émotion (une petite larme sur le couple qui se sépare) et que ça a marqué son temps, en bien, ou en mal. Que beaucoup ont hurlé à la Lune, que certains ont méprisé les auteurs pour cette saga délirante, que d'autre se sont réjouis de retrouver un Parker célibataire, mais qu'au final, l'eau est passée sous les ponts, à charrié de nouvelles aventures, de nouveaux rebondissements, de nouveaux personnages qui se sont ajoutés au cast déjà bien fourni du petit monde arachnéen. Ceci pour vous souvenir, lorsque vous lirez dans très peu de temps (si ce n'est déjà fait) le coup de théâtre du numéro 700 que ce n'est jamais que des comic-books, et que le temps de se faire à la nouvelle donne, on sera déjà passé à autre chose. Un pas en arrière, deux pas en avant, où le contraire, c'est la folle danse de nos lectures en collant!