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Parmi les propositions du rapport commandé par le Premier ministre à Yannick Moreau, ex-présidente du COR, figure notamment la réforme du calcul des pensions de retraite des ronds de cuir. Les syndicats parlent de déclaration de guerre !
Selon Le Figaro, ce document sera remis au gouvernement dans les prochains jours. Il devrait être âprement discuté lors de la prochaine conférence sociale des 20 et 21 juin prochains, si le gouvernement ne l’enterre pas d’ici là.
Pour l’ex-présidente du Conseil d’orientation des retraites (COR), il s’agit notamment de réduire les inégalités entre salariés du privé et fonctionnaires.
Elle préconise la révision des règles de calcul des pensions des fonctionnaires. Et suggère que les pensions versées aux salariés de la fonction publique soient calculées à partir des 10 dernières années de traitement contre 6 mois actuellement.
En contre-partie de cet effort, les primes versées aux ronds-de-cuir seraient mieux prises en compte dans le calcul de leur retraite.
Selon Le Figaro, le rapport de Yannick Moreau n’évoquerait pas la réforme des régimes spéciaux comme ceux dont profitent les privilégiés de la SNCF, d’EDF, de la RATP, d’EDF/GDF, de la Banque de France, des parlementaires… C’est bien dommage.
Un mode de calcul inégalitaire
Pour l’instant, les pensions des fonctionnaires sont calculées sur la base des 6 derniers mois de vie active. C’est avantageux puisque les salaires versés en fin de carrière sont plus élevés qu’au départ.
Promotions de dernière minute et autres tripatouillages permettent aussi de gonfler les salaires des ronds-de-cuir quittant la vie active.
Les fonctionnaires profitent aussi d’un taux de remplacement de 75 % calculé sur ce salaire de fin de carrière.
Cerise sur le gâteau, leurs primes sont prises en compte dans le nouveau régime additionnel de la fonction publique avec une limite correspondant à 20% du traitement indiciaire brut.
Dans le privé, la donne est plus spoliatrice. Le salaire annuel moyen pris en compte dans le calcul des pensions est fixé en calculant la moyenne des salaires durant les 25 années de carrière les plus avantageuses (salariés nés après le 1er janvier 1948). Et rappelons que la rémunération des agents de l’État est supérieure à celle du secteur privé .
Concrètement, rares sont les salariés à travailler à 100% de 50 ans jusqu’à l’âge de la retraite, comme en attestent les chiffres de la DREES.
Selon cet organisme, la moitié des salariés du privé connaissent une carrière saccadée entre 50 et 60 ans.
Sous l’effet du « jeunisme » social caractérisant les entreprises françaises, la moitié des personnes salariées à 50 ans ne le sont plus 10 ans plus tard. A fin 2012, près d’un senior sur deux était au chômage en France.
Par ailleurs, la baisse du niveau des retraites assurée par les régimes complémentaires a pour effet d’accentuer la divergence des pensions entre le public et le privé.
Outre une meilleure cohésion sociale, il est d’autant tant plus logique d’aligner le régime de la fonction publique sur celui des salariés du privé que celui-ci est déficitaire.
Si rien n’est fait, le solde technique (différence entre les cotisations reçues et les prestations versées) du régime de la fonction publique s’établira autour de – 7 milliards milliards d’euros vers 2020, estime le COR.
Il est grand temps que l’Etat remette de l’ordre dans ses écuries d’Augias !
DL