Les analgésiques affectent-ils le système endocrinien humain? C’est la question que se sont posée ces chercheurs de l’Inserm qui mettent définitivement paracétamol et aspirine au banc des perturbateurs endocriniens, lorsqu’ils sont pris à forte dose, et en particulier par les sportifs de haut niveau. Ces conclusions, publiées dans l’édition du 12 mai de la revue Human Reproduction incitent à la vigilance sur ces médicaments parmi les plus utilisés dans le monde.
Dans certaines circonstances, les antalgiques les plus utilisés pourraient bien agir comme des perturbateurs endocriniens, au même titre que le bisphénol A ou les phtalates tant décriés, écrit l’Inserm dans son communiqué. Les chercheurs de l’IRSET (Rennes) ont analysé des échantillons de tissu testiculaire d’hommes adultes, mis en culture avec du paracétamol ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens tels que l’aspirine et l’indométacine et confirment, avec leur étude, un effet nocif déjà suggéré par de précédentes études, comme le lien entre la prise d’antalgiques pendant la grossesse et la cryptorchidie chez le fœtus. Une étude publiée en 2010, dans la même revueindiquait ainsi une baisse de fertilité chez les fils de mères ayant pris des analgésiques tels que le paracétamol, aspirine, ibuprofène ou autres pendant leur grossesse ainsi qu’un risque 7 fois plus élevé de présenter une certaine forme de cryptorchidie.
Ici, les chercheurs ont exposé des explants testiculaires d’hommes adultes à différentes doses de paracétamol, d’aspirine ou d’indométacine pendant au moins 24 heures, et constatent qu’à des concentrations équivalentes à celles retrouvées dans le plasma en cas de prise de ces médicaments, chacun d’eux perturbe la production d’hormones stéroïdiennes et d’autres facteurs nécessaires à la masculinisation et la fertilité. Les chercheurs constatent non seulement une baisse de production de la testostérone mais également des prostaglandines ou encore de l’insulin-like factor 3, un facteur impliqué dans la descente des testicules.
Ces médicaments peuvent donc, à forte dose, jouer le rôle de perturbateurs endocriniens et provoquer une baisse de production de testostérone et donc de la fertilité, concluent les auteurs.
Source: Communiqué Inserm (Vignette © Inserm, M. Depardieu) et Human Reproduction doi: 10.1093/humrep/det112 online: May 12, 2013 Paracetamol, aspirin and indomethacin display endocrine disrupting properties in the adult human testis in vitro
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