Le rapport de la Commission pour l'avenir des retraites, rapport Moreau du nom de sa présidente, non remis encore au gouvernement mais en exergue en raison de fuites sur tous les médias va proposer de mettre à contribution les retraités, les actifs, les entreprises et les fonctionnaires, selon des sources syndicales. Qui pourrait payer quoi ? Détaillons ce que les syndicats révèlent:
Pour les retraités cela sera une réduction des avantages fiscaux. Le rapport propose de revenir sur leur imposition en supprimant l'abattement fiscal des 10% pour frais professionnels dont ils bénéficient, ainsi que le bonus fiscal de 10% accordé aux ménages ayant eu trois enfants et plus. En outre, le taux de la contribution sociale généralisée (CSG) des retraités imposables serait aligné sur celui des actifs. En outre il est préconisé un gel des pensions. Comme cela a déjà été décidé par les retraites complémentaires du privé, les pensions ne seraient plus directement indexées sur l'inflation. En clair, elles n'augmenteraient plus proportionnellement aux prix chaque année.
Pour les actifs la Commission préconise qu'en temps de crise, les salaires des employés soient sous-indexés pour le calcul des retraites du régime général. Ainsi, les actifs cotisant 100 euros n'en verront que 95 pris en compte pour leur future pension. Ce mode de calcul pourrait être revu en période de plus grande prospérité économique. Un Allongement de la durée de cotisation est prévu. Le rapport ne tranche pas entre report de l'âge légal de la retraite et allongement de la durée de cotisation, mais pencherait plutôt pour la seconde option. Il s'agit aussi de la piste privilégiée par le gouvernement et qui risque de provoquer de vives réactions du côté des syndicats. Il est envisagé une hausse de la cotisation patronale. La Commission prône une légère hausse de la cotisation patronale qui passerait de 1,6% à 1,9%, au grand dam des organisations patronales qui ont dit leur opposition à toute hausse des cotisations.
Concernant les fonctionnaires il est envisagé une réduction des avantages par rapport au privé. La Commission propose de changer la règle de calcul des retraites des fonctionnaires. Elles ne seraient plus calculées sur le salaire des six derniers mois de l'année mais sur les dix dernières années. En revanche, les primes seraient mieux prises en compte. En comparaison, les pensions des salariés du privé sont actuellement calculées sur les 25 meilleures années.
Bien entendu il s'agit de pistes où le gouvernement pourra piocher pour établir sa réforme . Mais à peine les fuites communiquées il est facile de prévoir selon les réactions que le débat sera mouvementé.Comme le déclare à l'AFP, un syndicaliste annonce l'explosion sociale sous ces termes: "Tout cela, c'est la boîte à outils, mais le gouvernement devra choisir et prendre ses responsabilités (...). Cela va être chaud". La concertation doit s'engager entre le gouvernement et les partenaires sociaux, lors d'une conférence sociale prévue les 20 et 21 juin. Cette première étape permettra de discuter de la réforme des retraites, prévue pour l'automne prochain. Le printemps a été froid, l'automne sera peut-être chaud... si on s'en tient à la déclaration de la CGT fonctionnaires qui a déjà averti que changer le calcul de la retraite des fonctionnaires constituerait un « casus belli irrémédiable ». Automne chaud avec à l'horizon des municipales qui vont être difficiles, c'est un euphémisme. Difficile en effet pour un socialiste lambda désireux de se rapprocher du personnel communal ( fonction publique ) et de défendre le changement de règle du calcul de leur retraites et puis pourquoi d'assumer la question en embuscade de la journée de carence supprimée! L'équilibre va être périlleux et il va falloir arborer une sacrée cuirasse.