Tome 1L'ENFANT MEREHDIAN
Editions L'Homme Sans Nom464 pages21,90 euros
4 ème de couv :
Un monumental ruban de pierre se dresse en sentinelle au bord des brumes éternelles.
Les hommes leur ont donné un nom : la Dernière Terre.
Dans la cité-capitale des Cinq Territoires, Cahir, jeune homme frêle, maladif, aux mœurs et aux allures bien éloignées des codes stricts qui font loi autour de lui, subsiste envers et contre la réprobation générale. Il est issu des Giddires, un peuple rejeté, au ban de la paix politique qui unit les autres contrées. Malgré cela, entre intelligence et ingénuité, il parvient à se rapprocher de certains locaux, dont Ghent, fils du Haut-Capitaine à la tête des forces militaires des Basses-Terres.
Au fil de ces jours paisibles, s’il advenait un événement capable de bouleverser tous les dogmes établis, quel poids l’existence de Cahir aurait-elle dans la balance des certitudes ?
L'avis de Dup :
Autant l'annoncer tout de suite, énorme coup de cœur pour ce roman ! J'ai été prise aux tripes par la plume de Magali Villeneuve dès les premiers chapitres, par l'ambiance, par l'histoire, par les personnages. Une plume toujours profonde, aussi bien dans la narration :Puis, en une nuit, aujourd'hui était devenu hier, demain s'était mué en jamais. Kehlak allait se consumer enveloppé dans son avenir perdu : le drap qui aurait couvert sa couche nuptiale.
que dans les dialogues :
- Il faut le laisser se reposer.- Mais...- Mais il est convalescent, tu l'as entendu comme moi. Puis c'est assez pour aujourd'hui. Assez pour lui et assez pour toi. N'incendie pas le pont que tu bâtis de tes propres mains.J'ai vécu pendant trois jours dans ce monde créé par l'auteur, maudissant les obligations qui m'éloignaient de mon livre. Mais si mes pieds étaient sur Terre, je peux vous dire que mon esprit et mon coeur restaient accrochés aux Cinq Territoires, entourés de la Dernière Terre. Pourquoi dernière ? Parce qu'elle n'est constituée que de brumes éternelles, mortelles. Quatre Territoires forment les Basses-Terres et sont protégées des brumes par une gigantesque muraille surmontée de remparts. Tandis que le dernier, loin au nord ( en Tranh ), ses montagnes sont tellement hautes, le climat tellement rude, que sa protection est naturelle : c'est Merehde, les Hautes-Blanches.Cinq territoires donc, avec cinq peuples différents. Ils ont chacun leurs particularités, qu'elles découlent de leur physique ou de leurs traditions liées aux différences géographiques, climatiques, etc. Mais si l'entente entre les habitants des Basses-Terres se passe bien, il n'en va pas de même avec ceux de Tranh, ces Merehdians qu'ils surnomment Giddires, comme on cracherait une insulte. Ces derniers sont incompris, donc craints, mais surtout méprisés. On va ainsi aborder toutes les facettes du racisme.Et l'on va suivre Cahir, cet enfant Merehdian, adopté à l'âge de dix ans dans des conditions mystérieuses par le Haut-Garde Melgar qui va le ramener chez lui, à Tileh Agrevina, la capitale des Cinq Territoires. Cahir a grandi puis intégré la prestigieuse armée des Arpenteurs. Ceux qui ont l'insigne honneur d'effectuer des rondes afin que les remparts soient gardés sans interruption. Enfin, intégré c'est un bien grand mot, car aux yeux de presque tous, il reste le Giddire : le paria.Magali Villeneuve campe des personnages d'une profondeur extrême. J'ai développé une empathie énorme pour presque tous, quant aux méchants je les haïs du fond du coeur. Cahir bien sûr, d'autant plus que rien ne lui sera épargné à ce pauvre gamin. Dieu que j'ai souffert pour lui ! Des envies de sévices contre l'auteur m'ont animées plus d'une fois...Mais aussi tous ceux qui gravitent autour de lui. Son ami Ghent, son amante dont je tairais le nom car ce serait spoiler le début du roman, Solgar le père de Ghent, et surtout le si froid Melgar. Ce dernier va prendre de l'ampleur tout du long de cet opus. Ce sont les personnages principaux, mais il n'y a pas qu'eux. Bien d'autres interviennent aussi, ils sont passionnants et fort bien décortiqués même si, pour certains comme Feor et Ved, on ne sait pas encore leur rôle. L'écriture de l'auteur est tellement prenante que les pages défilent, on les savoure toutes, même celles qu'on ne comprend pas. Nul doute que l'on saura plus tard.J'ai adoré également la vision de la dynastie régnante de ce monde. L'Igilh, chef suprême, Haut-Commandeur des Cinq Territoires, est un jeune adolescent. Il régnera jusqu'à ses trente ans, âge auquel il devra abdiquer en faveur de son fils qui aura été préparé à cette lourde tâche depuis son plus jeune âge, comme lui. Il deviendra alors simple conseiller, comme son père, son grand-père, etc. Encore faut-il qu'il ait un fils, et rapidement !J'ai adoré ce monde qui se déroulait sous mes yeux grâce aux descriptions fabuleuses de Magali Villeneuve. On sent véritablement derrière la plume, l'artiste avec ses crayons, ses couleurs, son sens des détails mais aussi des paysages grandioses. À l'image de la couverture magnifique créée par Alexandre Dainche. Même si dans ce premier opus on ne découvre pas tout de ce monde, les bases sont posées, les repères pris et on est avide de poursuivre plus avant cette saga. Oui, j'ai tout aimé dans ce premier volume, même si le dernier chapitre m'a arraché de vraies grosses larmes. Je pressens une suite qui va aller crescendo. Il y a encore tant de mystères, tant de points d'interrogations, tant de choses à découvrir encore. Il y a surtout tous ces personnages que je ne veux plus quitter. Le tome 2 est déjà entre mes mains et ce ne sera pas pour bientôt comme je dis souvent, mais pour maintenant. Tout de suite !