Le premier est à la tête de notre gouvernement et prend des engagements forts à travers des déclarations percutantes et prémonitoires.
Le second est à la tête de l’opposition et dirige le plus grand parti politique français, en nombre d’adhérents, avec 324 945 adhérents déclarés à jour de cotisation en novembre 2012. Précision d’importance, ce partie est l’UMP, vous savez : la droite décomplexée, libérale, démocrate et tout ça…
Tous deux peuvent donc être considérés comme élites politiques de la nation. De formation supérieure, diplômé du CAPES pour le premier et de l’ENA pour le second, leurs propos devraient servir de référence à toute la nation et rien ne devait nous permettre de penser d’eux qu’ils sont benêts, ou ânes bâtés sans culture ni intelligence. Et pourtant…
Ce weekend, le premier a déclaré, je cite : l’inversion de la courbe du chômage « est possible à la condition aussi bien sûr que la croissance revienne en Europe » [lien]. Bravo M. le premier ! Je me sens rassuré par votre engagement et la confiance que vous avez en vos propres actions. Vous m’inspirez ! d’ailleurs, moi aussi, j’ai affirmé et promis à mon épouse que l’on serait millionnaire avant la fin de l’année, à condition aussi bien sûr que nous gagnions à l’euro million d’ici-là.
Toujours ce Week-end, si riche en événements politiques, le second a fait une déclaration tonitruante : « La reconquête du cœur des français est une longue marche »[lien]. Pour information, M. le second, la longue marche est un symbole fort de la montée au pouvoir d’un libéral convaincu, référence en ce qui concerne démocratie, économie de marché, respect des droits de l’homme et humanisme : Mao Zedong… Par ailleurs, M. le décomplexé, sachez que cette grande marche, dans les faits, a été un échec cuisant, avec plus de 90 000 morts à la clé mais que la propagande communiste (qui semble vous inspirer) en a fait une victoire. Etes-vous certains de vouloir continuer dans votre allégorie ?
Bref, le Premier a bien raison de se satisfaire d’un CAPES car avec une telle rhétorique, il n’avait aucune chance à l’oral de l’ENA et le second démontre au Premier que faire l’ENA, finalement, cela ne fait pas de vous quelqu’un de brillant…
Le problème des hommes politiques, c’est leurs petites citations. Pour exister, ils ont besoin de s’exprimer, sur tout et n’importe quoi. Je vous propose donc, pour que ces messieurs soient plus sélectifs sur les occasions et le contenu de leurs propos, d’instaurer des quotas de prise de parole de nos représentants politiques. Les modalités restent à définir mais ce pourrait être du temps d’antenne par exemple ou un certain nombre de ligne dans les journaux…
Contraints, les plus intelligents d’entre eux seraient hyper sélectifs sur les sujets et la clarté du discours. Nous y gagnerions sûrement en circonspection, et en représentativité (tout le monde aurait le même temps de parole, de Mélenchon à le Pen) et à nous, cela nous ferait des vacances !