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Interview (presque) imaginaire : Robert Mugabe.

Publié le 04 juin 2013 par Legraoully @LeGraoullyOff

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RENAN APRESKI : Devezh mat, Metz, mont a ra ? Pour tenter de comprendre les difficultés de l’UMP à organiser des élections internes dans de bonnes conditions, je reçois notre consultant en république bananière, Robert Mugabe.

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ROBERT MUGABE : Bonsoir, Renan.

R.A. : Robert, vous êtes considéré comme le dernier représentant d’une génération de « rois nègres », vous avez fait de votre pays, le Zimbabwe, une république bananière, vous êtes donc le mieux placé pour nous parler des simulacres de démocratie…

R.M. : Je suis très flatté par votre présentation ! Je fais ce que je peux pour être à la hauteur de ma réputation, et à mon âge, ce n’est pas toujours facile ; quand vous aurez quatre-vingts piges et des centaines d’opposants sur la conscience, vous comprendrez !

R.A. : Hum ! Venons-en au fait, si vous voulez bien : l’année dernière, les élections du nouveau président de l’UMP avaient viré au pugilat entre les deux candidats et cette année, les primaires du parti visant à désigner leur candidat à la mairie de Paris ont donné lieu à 24 heures de psychodrame ; faut-il s’en étonner ?

R.M. : Pas du tout ! L’UMP, c’est bien le parti de votre ancien président, là, le petit nerveux qui voulait que je démissionne ? Vous vous souvenez que je lui avais renvoyé la monnaie de sa pièce en lui demandant de quitter le pouvoir lui aussi ? Ben j’ai pas dit ça par hasard ! J’ai quand même sept diplômes académique plus un en violence, alors je sais de quoi je parle quand je dis qu’un chef d’État ne vaut pas mieux que moi ! Avec un chef qui se prend pour Napoléon, on n’apprend pas à vivre en démocratie, demandez à ceux qui ont connu Bokassa !

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R.A. : Et l’’UMP, d’après vous, mérite d’être qualifiée de république bananière ?

R.M. : Ah mais complètement, complètement ! Pour faire une bonne république bananière, il faut un peuple de moutons qui ont passé toute leur vie à être traités comme des producteurs sans cervelle et à qui on demande leur avis pour la première fois du jour au lendemain ; au mieux, ils voteront comme on leur dit, au pire, ils fermeront leurs gueules dès que le nouveau chef montrera les dents : les militants UMP avec qui on ne peut pas aligner deux mots sans qu’ils vous disent à quel point Sarkozy est génial, c’est rien d’autre que ça ! Ensuite, il faut une grande gueule de service pour laquelle personne n’a jamais voté mais qui obtient le pouvoir rien qu’en criant plus fort que les autres ; il organisera des élections pour faire bien, mais d’ici à ce qu’elles aient lieu, il aura cent fois le temps de verrouiller l’appareil administratif et de placer ses amis aux postes-clés pour pouvoir truquer les élections sans qu’il y ait de recours possible à part celui de la violence, et comme il aura aussi le temps de s’emparer des forces armées, même la violence ne suffira pas à le déboulonner : c’est Copé tout craché, ça ! Et pour parachever le tout, il se dotera d’un opposant aussi grande gueule que lui qui ne manquera pas de le traiter de tous les noms avant les élections et qui, après les élections, gesticulera à qui mieux mieux pour demander un nouveau vote ou un recomptage des bulletins mais finira par s’écraser devant la promesse d’une grosse somme d’argent ou d’un joli poste : c’est Fillon, ça ! J’en ai un comme ça, chez moi, il s’appelle Jonathan Moyo : il a été mon adversaire avant d’accepter sans broncher de devenir mon ministre de l’information de m’aider à assassiner mes opposants…

R.A. : Je vois, je vois… C’est tout ?

R.M. : Ah non ! Il faut aussi que la situation en arrange d’autres hors du pays : en ce qui me concerne, au vu des ressources minières de mon pays, les pays occidentaux me sanctionnent pour la forme, mais ils n’essaieront jamais de e renverser, ne voulant pas mettre en péril les intérêts colossaux (bien que clandestins) qui sont en jeu autour de mes minerais d’or, de platine, de diamant et de chrome ! Le président d’une république bananière est toujours plus ou moins le chien de garde du capital dans son pays !

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R.A. : Et la situation à l’UMP arrange qui, selon vous ?

R.M. : Ah ben plein de monde ! Elle arrange d’abord le PS : tant que l’opposition se couvre de ridicule, s’auto-décrédibilise et s’enlise dans ses querelles de petits garçons, elle n’a pas le loisir de se poser en alternative crédible face à la majorité ! Et ça arrange aussi le FN : non seulement on préférera toujours l’original à l’imitation, mais en plus, avec sa transmission héréditaire du pouvoir, le FN a quand même une structure plus claire et plus stable que l’UMP !

R.A. : Ah, dans le cas du FN, on ne parle pas de république bananière ?

R.M. : Un peu de respect pour les républiques bananières, jeune homme ! Non, dans le cas du FN, on parle de monarchie absolue de droit divin ! Là, je ne suis pas spécialiste, demandez au prince du Qatar !

R.A. : Quoi ? Ah non, je ne peux pas vous laisser dire ça ! Le Qatar n’est pas une monarchie absolue, le prince Al-Thani est un ami de la France, c’est donc un très grand démocrate et…

R.M. : Mouais ! C’est surtout un gros plein de sous qui investit massivement chez vous, c’est ça ?

R.A. : Heu…

R.M. : J’vais vous dire : courageux comme vous êtes, en France, vous êtes mûrs pour vivre en république bananière ! Ça explique peut-être que l’UMP ait pu vous gouverner pendant dix ans !

R.A. : Hum ! Merci, Robert ! Kenavo, les aminches !


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