Ancien lit de rivière sur Mars
Les scientifiques font parler les couches de graviers découvertes par Curiosity
Est que notre voisine Mars, petite planète rocheuse au teint ocre, fut un jour habitable ? Il est encore trop tôt pour répondre. Le rover Curiosity, débarqué dans le cratère Gale le 6 août 2012, ne fait que commencer son enquête. Sur son chemin, quelques indices montrent que le milieu fut, à une époque très lointaine, plutôt favorable (lire “Mars était une planète habitable”).
La plaine parcourue dans un premier temps montre plusieurs vestiges de cours d’eau. De nombreux affleurements et conglomérats de graviers témoignent de ces écoulements dans le passé primitif de la planète rouge. Superposées aux images du désert aride (et froid) qui règne aujourd’hui, ces découvertes révélées fin septembre 2012 (lire ici) fertilisent l’imagination. Bénéficiant d’un effet de serre plus important, l’eau (pourtant abondante sur Mars mais surtout sous forme de glace) pouvait, en ce temps-là, ruisselait en surface voire même s’alanguir en de paisibles lacs peu profonds. Des lagunes, des estuaires marécageux où barbotaient les roches et qui sait, peut-être, par la grâce d’un subtil cocktail physico-chimique, se développaient les prémices d’une vie microbienne … Ou peut-être rien de tout cela. Une désertification rapide …
Les données obtenues avec les instruments MastCam et ChemCam de Curiosity ont permis d’évaluer la nature des cours d’eau. Evoquant les lits de certaines rivières terrestres, les chercheurs pensent que les grains de sables, graviers et cailloux d’une taille comparable à une balle de golf furent rouler dans une eau se déplaçant en moyenne à la vitesse d’un marcheur (environ 1 m. par seconde). Vraisemblablement, on pouvait y tremper les pieds sans craindre que l’eau ne mouille notre maillot … Les rivières s’étalaient sur un ou plusieurs kilomètres.
“Nos analyses de la quantité de cailloux arrondis fournissent de nombreuses informations. L’arrondi indique un débit soutenu. Les cailloux se sont heurtés à plusieurs reprises. Il n’y avait pas qu’un seul écoulement. Cela a duré certainement plusieurs semaines ou mois, bien que nous ne sachions pas dire exactement combien de temps” résumeSanjeev Gupta (Imperial College of London) qui a co-signé cette étude.
Voir plus de détails de cet affleurement de graviers, ancien lit de rivière nommé “Hottah” : télécharger ou afficher l’image en très haute résolution (2,6 Mb).
Crédit photo : NASA/JPL-Caltech/MSSS.