De ces arbres qui cachent une forêt sombre et dangereuse, il y a ceux du parc Gezi, à Istanbul, une douzaine que le gouvernement voudrait sacrifier pour laisser place à un centre commercial et une mosquée, et la ville s'embrase entraînant le reste du pays contre un gouvernement et son premier ministre qui grignotent consciencieusement les libertés avec autoritarisme et arrogance. De cela, les quotidiens nous livrent récits et analysent les causes qui ont conduits à cette situation de révolte généralisée.
Dans une autre capitale d'Europe, une centaine d'arbres a été massacrée mais la révolte n'est pas advenue. Les manifestations n'ont pas entraîné de soulèvement global et aucune n'a été générée par la chute des arbres. Les quotidiens relaient l'information sans lui donner de réelle visibilité malgré la gravité de la situation. Budapest, dimanche dernier, enseignants, étudiants et parents d'élèves ont défilé pour protester contre la réforme de l'enseignement. Depuis le début de l'année, un système hyper centralisé a été mis en place dans l'éducation nationale. Les directeurs d'établissements n'ont plus aucune liberté pas même celle d'acheter un crayon ! Le droit de grève a été supprimé, le nombre d'heures de travail augmentée et les salaires diminués. Plus grave encore, le projet de création d'une association corporatiste avec adhésion obligatoire pour les enseignants qui auraient obligation de prêter un serment de fidélité à l’État.
La manifestation passait par la place du parlement dévastée par les bulldozers pour pour lui redonner son visage des années 30 du siècle précédent. Un désir de Viktor Orban, le premier ministre de droite extrême qui recrée les cadres autoritaires et féodales de l'amiral Horthy qui fit, en ce temps-là, alliance avec Adolf Hitler. Tout un symbole ! Viktor Orban a réhabilité le sombre dictateur dont on voit le nom et les statues fleurir dans quelques villes hongroises... Et l'Europe perd son âme (mais peut-être l'a-t-elle déjà perdu !) à ne pas prendre les mesures qui s'imposent et accepter en son sein de tels écarts avec les valeurs démocratiques.
Les arbres cachent la forêt d'une démocratie mise en danger de ci-de là... en Europe et ailleurs... Ni au nom de la crise, ni au nom de la religion, aucune liberté ne doit être sacrifiée.