Ce roman est en fait déjà paru sous le titre de Journal d'une allumeuse, mais l'éditeur a choisi de relancer la série au format de poche, et dans un ordre enfin cohérent. Donc, présentation de notre héroïne : Ruby Oliver, quinze ans, cinq crises d'angoisse en seulement dix jours, doit suivre une thérapie auprès du Docteur Z. Son problème, c'est de cumuler des expériences malheureuses ou illusoires avec des garçons, depuis qu'elle est en âge de conter fleurette.
Pour ses séances, il lui fallu notamment dresser la liste des garçons qui auraient contribué à son état de déconfiture. Ils sont au nombre de 15, du plus innocent au plus goujat, même si Ruby s'échine à pardonner l'inexcusable ou jouer à l'autruche pour ne pas assumer ses nombreuses erreurs. Hélas pour elle, la liste va être reproduite et glissée dans le casier de tous les lycéens de Tate. Sa réputation est fichue, elle est traitée de lépreuse et d'allumeuse, même ses meilleures copines lui tournent le dos, Ruby est seule, désemparée. Il est temps de découvrir dans quel micmac elle s'est fourrée !
Ce serait mentir que de cantonner cette série à une lecture girly, même si l'on parle essentiellement d'histoires d'amour, de baisers volés, de dragues et de pelotages en douce, ce n'est certainement pas QU'UNE série sur des sujets futiles. Le mal-être de Ruby est profond, sincère, et pas seulement traité avec légèreté. Il y a une détresse réelle dans son histoire, où l'on cerne une perte de confiance en soi et un besoin d'évacuer le trop-plein d'émotions. C'est assez distrayant, mais sensible et sincère aussi, à travers sa démarche de blablater sur tout et rien, en n'édulcorant jamais le fond du problème.
Cette série gagne à être connue, sous le ton caustique et bassement comique, se trouve un récit poignant et déstabilisant sur les rapports qu'entretiennent les adolescents, à travers leurs relations sentimentales et amicales. La suite comprend L'art de perdre les pédales, Un grand moment de solitude puis Pas très rond dans ma tête.
Le journal de Ruby Oliver #1 : L'amour avec un grand Z, par E. Lockhart
Casterman poche, 2013 - traduit par Antoine Pinchot