La physicienne indienne Vandana Shiva, prix Nobel alternatif 1993, le 24 juillet 2009 à Zwentendorf en Autriche
(©AFP/Archives)
Allons-nous devenir des cyborgs, des mutants ou des clones vivant dans l’espace ou sur des îlots autosuffisants à la surface des océans? De grands chercheurs interrogés par le créateur Philippe Starck y répondent dans un étonnant documentaire, diffusé mardi sur Arte.
Depuis la naissance du système solaire il y a 4,5 milliards d’années, les mutations de tous ordres se sont enchaînées sans jamais s’arrêter. L’implosion du soleil est prévue dans 4 milliards d’années. Nous ne sommes donc qu’à la moitié de notre histoire, mais d’ici là à quoi allons nous ressembler? Comment nous adapter au changement climatique, à la crise des énergies fossiles? Quels seront nos habitats, notre alimentation, nos agricultures, nos modèles économiques ? Vivrons-nous sur d’autres planètes?
Intitulé “Futur par Starck”, ce documentaire de 1H45 qui sera diffusé à 20H50, emmène le spectateur à la rencontre de scientifiques visionnaires qui pensent et inventent le monde de demain et donnent leurs réponses à ces questions.
Réalisé par Gaël Leiblang (coécrit avec Peggy Olmi) et coproduit par Arte France, Elephant Doc (Emmanuel Chain, Gaël Leiblang) et Ubik (Philippe Starck), il est accompagné d’un “dispositif second écran”, prolongeant sur tablette ou smartphone l’expérience audiovisuelle grâce à la synchronisation de contenus web.
C’est le designer français Philippe Starck, lui-même passionné de sciences et de bionisme, qui interroge ces brillants esprits en candide globetrotteur. On le suit parcourant la planète (France, Royaume-Uni, Etats-Unis, Inde) à la recherche de réponses à ses questions, posées simplement.
Ce dialogue humoristique et souvent poétique, ponctué d’exemples concrets, d’extraits de films et d’animations 3D, permet de dresser un état des lieux concret, vivant et accessible des connaissances dans des domaines aussi variés que le corps humain, l’environnement, l’alimentation ou l’espace.
Cyborg, espace
Philippe Starck, qui travaille en tant que designer au développement d’objets durables, rêve d’un “laboratoire de recherche fondamentale sur la créativité” et d’une création future qui rende la vie meilleure au plus grand nombre. “Passeur au service de la science”, il dit avoir été “guidé par l’intuition” dans ce film et s’être laissé bercer “par la musique de l’intelligence humaine” même lorsqu’il ne comprenait pas tout.
Parmi ses rencontres, le scientifique britannique et “cyborg” Kevin Warwick explique comment il expérimente sur lui-même des puces électroniques sous-cutanées connectées à un ordinateur qui permettent de contrôler des membres robotisés par simple usage de la pensée.
L’Américain George Church, pionnier du séquençage du génôme humain, rêve d’un homme “réparable” à l’infini. Le restaurateur français Alexis Chambon expérimente le potentiel nutritif des insectes. Le conseiller américain des chefs d’Etat Jeremy Rifkin envisage “la troisième révolution industrielle”, créer un réseau de distribution d’énergies renouvelables sur le modèle de l’Internet.
La physicienne indienne Vandana Shiva, prix Nobel alternatif 1993, défend les cultures traditionnelles et la biodiversité tandis que l’ingénieur agronome Pierre Feillet croit à une utilisation ciblée des OGM. Des scientifiques de l’expédition Tara disent l’importance du plancton marin menacé par le plastique dans les océans. L’architecte belge Vincent Callebaut imagine des villes flottantes autosuffisantes en terme d’énergie et d’alimentation, et l’astronaute français Jean-François Clervoy envisage l’avenir des hommes sur d’autres planètes.
Question temporalité, l’astrophysicien Thibaut Damour donne la mesure du “vertige” à penser l’infini, estimant notamment que le futur est “une illusion” valable dans notre univers mais qui pourrait disparaître. Le médecin Jean-Claude Ameisen, président du comité national d’éthique, se penche lui sur les dangers de choix irréversibles pour les générations futures.
En allant sur futur.arte.tv et en tapant les codes numériques (sur tablette ou smartphone) qui s’affichent durant le documentaire, les téléspectateurs internautes pourront accéder à des contenus web qui complètent l’expérience audiovisuelle (vidéos, liens, infographies), tweeter des verbatim ou découvrir des contradicteurs aux argumentaires développés. Cette proposition éditoriale de “second écran” se déroule en synchronisation avec le film et peut s’effectuer pendant ou après le visionnage du documentaire.
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