Chers lecteurs,
Ce mois-ci je vous propose, comme promis, de célébrer ensemble le centenaire du cinéma indien. Eh oui, cent ans déjà et pas une ride !
Comme vous le savez certainement, cette année le festival de Cannes mettait l’Inde à l’honneur pour rendre hommage au centenaire de son cinéma. Et si nos talentueux amis indiens sont plus ou moins passés inaperçus sur la croisette, ils n’en étaient pas moins nombreux à avoir fait le déplacement pour représenter leur pays. Parmi eux :
- L’indienne la plus fidèle du festival, Aishwarya Rai Bachchan, et la fashionista Sonam Kapoor, toutes deux ambassadrices de l’Oréal.
- Le légendaire Amitabh Bachchan, venu présenter le film « The Great Gatsby », dans lequel il apparait.
- La belle actrice Vidya Balan, présente en tant que membre du jury pour les longs métrages.
- L’actrice Nandita Das, membre du jury pour les courts métrages.
- L’équipe du film « The lunchbox », l’équipe du film « Shortcut Romeo », l’équipe du film « Moonson Shootout », et enfin, l’équipe du film « Bombay Talkies ».
Nous y voilà, « Bombay talkies ».
Si j’ai choisi de vous parler de ce film en particulier, c’est qu’il représente à lui seul l’hommage de toute une industrie à cent ans de rêves. Quatre des plus grands réalisateurs indiens d’aujourd’hui, Zoya Akhtar, Karan Johar, Dibakar Banerjee et Anurag Kashyap, ont réunis leurs talents pour créer « Bombay Talkies », un ensemble de quatre courts-métrages rendant chacun hommage à leur façon, au cinéma indien.
Réalisé par Karan Johar, le premier court-métrage « Ajeeb Dastaan Hai Yeh » montre une nouvelle facette du réalisateur. Loin des paillettes et des happy-endings qui lui sont propres, KJ met en scène une Rani Mukherjee plus radieuse que jamais, accompagnée par les acteurs Randeep Hooda et Saqib Saleem.
Gayatri et Dev, mariés depuis plusieurs années, forment un couple paisible mais peu épanoui, dans lequel le travail est un échappatoire. C’est justement là-bas que Gayatri rencontre Avinash, un jeune homme plein de vie assumant haut et fort son homosexualité, et qui devient son grand ami. Lorsque Avinash et Dev se rencontrent à leur tour, ils se découvrent une passion commune pour les vieilles musiques de films hindi, ce qui créé immédiatement un lien fort entre eux. Cette nouvelle amitié entre le couple et le jeune homme apporte alors son lot de bonheur, de désillusions et de révélations…
Le second court-métrage, « Star », réalisé par Dibakar Banerjee, est l’adaptation d’une nouvelle de Satyajit Ray, Patol Babu Film Star. C’est aussi et surtout un bel hommage à la place du cinéma dans la vie des indiens.
Purandar (Nawazuddin Siddiqui), un indien de classe moyenne, sans travail, a quotidiennement droit aux moqueries de son entourage. Même aux yeux de sa fille, c’est un raté: les histoires d’acteurs qu’il a l’habitude de raconter à son chevet ne suffisent même plus à l’intéresser. Un jour que Purandar traine dans les rues de Mumbai après être une nouvelle fois passé à côté d’une embauche, il s’attarde sur les lieux d’un tournage où c’est lui, parmi la foule, qui est choisi pour une apparition dans le film. Purandar se rend rapidement compte que ce qu’il prenait pour un fabuleux privilège n’est en fait pas si magique. Mais cette seconde de gloire amène à sa vie une petite étincelle, offrant à cet homme ordinaire un peu d’extraordinaire, le temps d’un instant.
La réalisation du troisième court-métrage « Zoom Zoom Darling » a été assurée par la jeune et talentueuse Zoya Akhtar.
Dans celui-ci, la réalisatrice dresse le portrait de Vicky (Naman Jain), un petit garçon qui déteste le football et adore la danse. Après avoir découvert l’actrice Katrina Kaif dans le clip « Sheila ki jawaani », Vicky trouve en elle un modèle et décide qu’il sera danseur, malgré la détermination de son père à faire de lui un garçon « normal ». Dans un système où garçon rime avec ballon, Vicky comprend vite que pour réaliser ses rêves, il vaut parfois mieux les garder pour soi…
Enfin, le dernier des quatre courts-métrage, « Murabba » de Anurag Kashyap, est un clin d’oeil à la légende ultime du cinéma hindi, Amitabh Bachchan, qui règne depuis des décennies sur le cœur des indiens.
Vijay (Vineet Kumar Singh), jeune homme vivant dans un petit village d’Uttar Pradesh, débarque à Mumbai, où il doit réaliser le dernier souhait de son père mourant: rencontrer en personne Amitabh Bachchan, et lui faire croquer dans un murabba (gâteau) cuisiné par sa mère. Dans la ville berceau du cinéma, Vijay est loin d’être le seul à vouloir voir l’acteur, mais il possède une détermination sans faille à accomplir le rêve de son père…
De ce film hommage au cinéma indien, on aurait pu attendre des danses, des chants, de l’amour et de la baston. Une sorte de pot-pourri du Bollywood chatoyant que l’on connait. Mais les réalisateurs de « Bombay Talkies » sont allés chercher plus loin que ça, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont bien fait! Dans chacune de ces quatre histoires, le rôle du cinéma indien est subtil mais profond. A travers des personnages authentiques et sensibles, on ressent l’amour sincère des indiens pour ce cinéma qui accompagne et rythme leur vie depuis tant d’années.
Si vous aimez les films indiens, vous aimerez certainement « Bombay Talkies ».
Découvrez le portrait de Claire Chaigneau, notre chroniqueuse passionnée de Bollywood en cliquant ici.