Jusqu’à 20% des accidents de voiture peuvent être attribués à la somnolence et l’apnée obstructive du sommeil (SAOS) est la cause médicale la plus fréquente de la somnolence diurne. De nouvelles lignes directrices de pratique clinique sur l’apnée du sommeil, somnolence et risque de conduite viennent d’être publiées par l’American Thoracic Society dans l’American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine. Ces nouvelles recommandations appellent aujourd’hui à une sensibilisation accrue des patients et de leur entourage et à une mise sous traitement plus rapide, en cas de SAOS avéré.
Le Dr Kingman P. Strohl, directeur du programme de médecine du sommeil à l’Université Case Western Reserve explique que ces nouvelles lignes directrices apportent aux professionnels de santé un cadre réactualisé pour l’évaluation et la gestion de la conduite en cas de SAOS. Car la somnolence au volant est l’un des principaux signes cliniques du syndrome d’apnées du sommeil (SAOS). Une personne atteinte d’apnée aura un risque multiplié par 7 d’accident de voiture. Pourtant 80 % des personnes souffrant d’apnées ne sont pas diagnostiquées ou pas traitées.
Principales recommandations :
Les patients sujets à SAOS, jusqu’à prise en charge de leur apnée par une thérapie efficace, doivent être considérés comme des conducteurs à risque d’accident élevé et devraient être mis en garde contre le risque de conduire.
L’interrogation de tous les patients subissant une évaluation initiale pour SAOS suspecté ou confirmé, sur la fréquence et la durée de leurs épisodes de somnolence diurne et les récents accidents automobiles attribuables à la somnolence, à la fatigue ou à l’inattention.
L’information des patients et de leurs familles sur les risques liés à la somnolence au volant et sur les thérapies comportementales pouvant réduire ces risques, devrait être systématique en cas de consultation pour SAOS. Certains pays disposent d’une règlementation sur la conduite automobile en cas de SAOS, ces règles doivent faire partie de l’information délivrée aux patients. Ainsi, en France,
l’hyper-somnolence fait partie des pathologies contre-indiquant l’obtention du permis de conduire ou nécessitant une révision de celui-ci. Par ailleurs, la recherche du SAOS, notamment chez les chauffeurs professionnels, est indispensable.
La consultation et le diagnostic :
· La sévérité clinique de l’apnée et les thérapies éventuellement suivies par le patient, ses réponses aux traitements et l’évolution du SAOS devraient être évalués lors de la visite initiale d’évaluation et des visites suivantes.
· Les patients à la fois « suspectés » d’apnée et conducteurs à risque élevé d’accident devraient subir une polysomnographie et être mis sous traitement aussi rapidement que possible et pour les cas à risque moins élevé, il existe l’alternative des dispositifs de surveillance portatifs de la somnolence.
Sur les traitements :
· Les patients diagnostiqués d’apnée et conducteurs à risque élevé d’accident devraient bénéficier de la thérapie standard du SAOS, par ventilation en pression positive continue (CPAP pour Continuous Positive Airway Pressure) plutôt que d’être laissés sans traitement.
· Cependant, le traitement standard du SAOS, la ventilation en pression positive continue (CPAP pour Continuous Positive Airway Pressure) ou des médicaments stimulants ne devraient pas être prescrits dans le seul but de réduire les risques de conduite aux patients suspectés ou diagnostiqués d’apnée et conducteurs à risque élevé d’accident.
C’est donc un effort combiné des médecins, des patients et des politiques sur une évaluation de la somnolence avant et avec traitement du SAOS qui est demandé par ces nouvelles lignes directrices.
Source: American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine June 1; 2013 doi: 10.1164/rccm.201304-0726STAn Official American Thoracic Society Clinical Practice Guideline: Sleep Apnea, Sleepiness, and Driving Risk in Noncommercial Drivers(Vignette NHS, visual INSV)
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