Sandman volume 2 : chef d'oeuvre chez urban comics
Publié le 04 juin 2013 par Universcomics
@Josemaniette
Le seul défaut de ce second tome de Sandman, chez Urban Comics, c'est qu'il frôle de si près l'excellence que toutes vos lectures comics, par la suite, risquent de perdre de leur saveur. Pour le reste tout est parfait. Nous retrouvons le grand oeuvre de Neil Gaiman avec deux sagas différentes. La première, intitulée Le pays du rêve est en fait une succession de quatre récits indépendants, qui abordent différents thèmes comme l'isolement, l'incapacité de communiquer, la détention (à ce sujet n'oublions pas celle du Sandman, qui des années durant fut captif, comme nous le raconte le premier volume que vous devez posséder!). Nous y trouvons un écrivain en mal d'inspiration, qui n'hésite pas à séquestrer une des muses, Calliope, pour écrire ce qu'autrement il ne pourrait pas même imaginer. Viol et abus en tous genres contre la création littéraire, qui n'a d'autre recours que de faire appel au Sandman, avec qui elle a eu une brève relation passée, qu'elle préférait oublier. Un rêve de mille chats offre ensuite une vision bien étrange de la réalité : celle-ci est en fait forgée par la puissance des rêves collectifs de l'humanité, et celui ou ceux qui osent rêver l'impensable ont le pouvoir de repenser le monde. Autrefois, les chats étaient ainsi les maître de la planète, et aujourd'hui encore, certains félins se rappellent de leur grandeur perdue. Nous arrivons alors au célébrissime épisode basée sur une pièce de théâtre de Shakespeare, le Songe d'une nuit d'été. Un numéro avec plusieurs niveaux de lecture, qui met en scène une comédie dans la bande-dessinée, les réactions du public, celles du poulailler (les derniers rangs des spectateurs), mais aussi l'incapacité de l'auteur de communiquer et entendre son propre fils, dont la fin ne sera pas heureuse. Un tel coup de maître que Gaiman reçut un prix littéraire pour ce travail, magnifié par les dessins du grand Charles Vess, qui signe là un des moments forts de sa carrière pourtant bien remplie. Pour finir nous nous arrêtons sur les déboires de l'Elémentale, un personnage oublié de Dc comics, une femme qui a le don de se transformer en n'importe quel élément chimique de la table périodique. Ne pouvant mourir, mais ne supportant plus de vivre recluse dans un sordide appartement (son apparence physique peu engageante semble la couper d'une vie sociale normale) et de devoir endosser des masques pour un simple repas au restaurant (déjà un événement en soi), elle va rencontrer Death, une autre des "infinis" qui pourrait bien lui donner un précieux coup de main. Du Gaiman poétique, ironique, visionnaire. Des dessins somptueux signés Kelley Jones ou Colleen Doran, entre autres. Un plaisir de lecture absolu. Il y a des siècles de cela, le Sandman a condamné une jeune femme, Nada, à la captivité éternelle aux Enfers, tout du moins jusqu'à ce qu'il décide de l'affranchir. L'heure est venue de s'amender, et de se rendre dans le royaume de Lucifer pour accomplir un bon geste. Le problème avec le Malin, c'est qu'il s'est juré de détruire le Seigneur des Rêves à la prochaine rencontre, aussi nous attendons nous à un duel de haute lutte. Grande surprise quand le Sandman débarque chez Lucifer : celui-ci démissionne de son poste, chasse tous les occupants de l'Enfer, et ferme les portes de son monde qu'il déserte. Il en remet les clés à son ennemi, qui se trouve du coup bien embarassé. Que faire de l'Enfer, un territoire qui suscite bien des convoitises? L'offrir au plus méritant? Thor et les Ases, Odin en tête, se manifestent. Mais aussi Osiris et les égyptiens, l'Ordre et le Chaos, Azazel, et même des anges. Un casse-tête savoureux qui s'inscrit au sein d'une longue aventure totalement géniale où Gaiman revisite avec un talent fou les différents panthéons et jouent avec ces personnages divins comme avec autant de marionnettes savantes. Kelley Jones est là encore le dessinateur principal de ces pages marquantes, où la série Sandman gagne d'avantage en profondeur, et en complexité. Ce superbe second tome se termine par des entretiens remarquables, qu'il faut absolument lire pour éclairer parfois sous un jour nouveau les aventures précédentes. Et nous y trouvons pour finir le scénario complet et minutieux de deux épisodes légendaires (le Songe d'une nuit d'été et la fermeture des Enfers). Tout cela dans un écrin à la hauteur du contenu, qui nous fait légitimement penser qu'il s'agit là de la parution librairie la plus significative et indispensable de ce printemps, par sa qualité et sa profondeur. Tout sur le tome 1 ici