Implicitement, je pensais que toutes les civilisations
avaient envisagé la question du changement. L’Egypte semble une exception. Suite
de mon
enquête sur l’Egypte et le changement, au département d’égyptologie de la
Sorbonne.
Un coup d’œil au vocabulaire égyptien ne permet pas de
trouver beaucoup de choses sur le changement. « Transformer », c’est
tout. Il est plutôt question d’un mouvement cyclique, peut-être avec une
tendance à la défense, plutôt qu’à l’offensive.
L’Egypte paraît avoir été extraordinairement stable. L’art,
par exemple, a peu évolué. A tel point qu’il est difficile de le dater. L’Egypte
était une sorte de société « organique » faite de rôles spécialisés.
Détail curieux : elle n’avait pas de monnaie. Cela devait probablement
figer l’Egyptien, dont les échanges « économiques » étaient circonscrits.
Il était donc extrêmement dépendant de la société. En particulier il ne devait
pas être capable de résister seul à un aléa. En outre, il se serait confiné à
un périmètre étroit, en gros la vallée du Nil. C’était une sorte de paradis, un
refuge où la famine était inconnue. Le désert figurant l’enfer. Et l’au-delà ressemblait au présent. Ce qui pourrait signifier que
l’Egyptien vivait dans l’immédiat. Il était heureux de son sort. Et donc qu’il
n’avait pas de raison de changer.