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Conversation entre une actrice et une voyante au sujet de l’ecriture et de la voyance
Par Nathalybloch @NathalyBlochJe viens d’écrire un roman, dont le personnage principal est une voyante. Tamar Baruch, une amie comédienne avec laquelle j’ai plusieurs passions communes dont la voyance et l’écriture, a été la première lectrice de ce manuscrit.J’ai eu envie de retranscrire ici une de nos dernières conversations au sujet de la voyance. Conversation qui complète, je pense, un des articles le plus lu de mon blog « Comment une voyante voit-elle et vit-elle ? »Notre dialogue débute dans les allées du Cimetière du Père-Lachaise Nathaly : Un des plus beaux cimetières parisiens. Un endroit avec énormément de présences que j’ai découvert il y a assez longtemps lors de mes premiers « exercices » de communication avec les défunts. Un lieu où je me sens aussi très bien pour réfléchir tout simplement. Tamar : Peut-être même un des plus beaux cimetières au Monde…Un lieu de méditation, où j’adore venir dans toutes les périodes de ma vie où je ne suis pas bien. Quand je ne sais plus où aller je viens ici et je parle avec les morts. Je pose des questions, je demande des choses par rapport à ma vie, quand je viens ici j’obtiens mes réponses et je pars toujours apaisée. Puis une abondance d’arbres et j’aime énormément les arbres, grands et vieux.
Les gens détectent instinctivement ceux qui ont le don de voyanceA ce moment-là, une femme se dirige vers Tamar et moi, l’air interrogatif…alors que nous sommes toutes assises sur un banc.Tamar (s’adressant à moi): Est-ce que toi aussi tu vis la même chose que moi, des gens qui viennent toujours vers toi ?Nathaly : J’en parle dans mon roman justement. Où que j’aille, où que je sois, les gens me posent des questions. Tamar : Où que j’aille les gens me racontent leur vie et me demandent : Pouvez vous m’aider ? Puis ils demandent : « Vous êtes voyante ? ». Je leur dis « Non…pas officiellement » Et pour toi comment cela se passe ?Nathaly : Je ne sais pas pourquoi mais les gens (même ceux qui ne savent pas que je suis voyante) me posent des questions au sujet de leur avenir.La voyance, un métier ou un simple don « officieux »Tamar : Mais toi tu es vraiment voyante !Nathaly : Oui. Mais avant même que cela devienne mon métier, les gens me posaient déjà des questions. J’aurais pu très bien ne jamais en faire mon métier. Plein de gens qui ont le don de voyance ne basculent jamais et ne deviennent pas voyants malgré un don certain.Tamar : Et qu’est ce qui a fait que tu as choisi d’en faire un jour ton métier ?Nathaly : C’est les gens qui ont choisi pour moi en voulant me consulter. J’ai senti à un moment que j’avais la potentialité d’en faire mon métier. Je ne peux pas dire que j’ai été passive mais honnêtement je n’ai pas été très active dans ce processus. Ce sont vraiment les hasards de la vie qui font, je pense, que tu fais ce métier. La plupart des voyants ont eu une autre profession : publicitaire, infirmier, juriste, chef d’entreprise, graphiste ... Et toi pourquoi, malgré ton don, n’es-tu jamais devenue voyante ?Tamar : Parce que très jeune, j’ai voulu faire le métier d’actrice : j’ai commencé à jouer la comédie, à danser, et pourtant comme toi il y chaque jour plusieurs rencontres, dans le métro, chez la boulangère, des gens qui me posent des questions, et j’ai du mal à leur dire non… Après coup souvent je me rends compte que je donne mon cœur et je perds aussi mon temps à moi !
L’écriture, notre autre passion commune :Tamar écrit actuellement plusieurs scénario et je viens d’achever un roman assez personnelTamar : Quand tu m’as donné ton manuscrit à lire je n’ai pas pu m’arrêter. Je devais le finir. J’avais tout le temps envie de connaître la suite. J’adore ton roman !Nathaly : Oui je te l’ai donné à lire, avant même les éditeurs, car il est évident que dans ce livre il y a un rôle de femme et que j’ai bien entendu pensé à toi en tant qu’actrice…L’actrice qui jouera ce rôle doit être selon moi « connectée » et qu’elle ait également le don de voyance. Tamar : J’ai bien entendu très envie de jouer le rôle de Laura. Tous ceux qui liront ton livre comprendront je pense ce qu’induit le métier de voyante, ce qu’est la vie d’une voyante et beaucoup vont te demander s’il est autobiographique. Est-il autobiographique ?Nathaly : Quelquefois. C’est avant tout l’histoire d’une femme voyante extrêmement lassée de son métier. Ce qui au vu de ce qui lui arrivé avec un de ses consultants, se comprend ! Il faut savoir que c’est un métier très fatigant, qui te demande de puiser dans ton énergie et un altruisme considérable. Je pense que c’est un métier qui a une limite.Mon roman, un scénario, avec pour personnage principal une voyanteTamar : Alors ton livre est bien un roman ?Nathaly : Oui c’est un roman. Mais avec aussi un mélange de vraies et de fausses vérités. C’est aussi drôle que c’est noir. Enfin selon moi… Il y a aussi beaucoup d’anecdotes sur la vie privée de cette femme voyante qui a un moment doit reconstituer ses souvenirs, son passé. Tamar : En tous les cas, je trouve que c’est un livre passionnant ! Découvrir ce qui se passe vraiment dans les coulisses d’une voyante. Je suis certaine que cela va devenir un film ! Il n’y a peu de rôles aussi riches pour les femmes dans le milieu du cinéma. Nathaly : Et toi en tant que scénariste, es-tu toi-aussi tentée d’écrire un personnage de voyante ?Tamar : Plus de créer un personnage que je qualifierai d’ « intuitive ». Qui aide les autres et qui parfois ne peut plus s’aider elle-même. J’écris des histoires. J’ai tellement vécu d’histoires mais je n’ai pas seulement envie de raconter ce que j’ai vécu. Et toi après ce roman, as-tu envie de continuer l’écriture ?Nathaly : Oui avec de vrais personnages, qui ne me ressembleront en rien. Le métier de voyante permet de croiser beaucoup de gens, beaucoup de vies, et autant d’histoires potentielles. La réalité est souvent bien au-delà de l’imagination !
Pourquoi écrire sur le métier de voyanteTamar : Avais-tu besoin d’écrire ce roman pour balayer la route ?Nathaly : Oui ce livre est un peu un testament. Je l’ai écrit dans les mois qui ont précédé la maladie de mon père. Je suis partie à Varsovie quelques jours et mon père est tombé malade à ce moment-là. Alors que le livre était presque fini. A la mort de mon père en Mars dernier, je me suis demandée si je n’allais pas mettre ce roman aux oubliettes, éviter que certains croient se reconnaître entre mes lignes, que d’autres soient choqués par la violence de mes mots….Aujourd’hui je crois que faire paraître ce livre, qu’il soit lu, m’est essentiel. Que cela me permettra de fermer une porte.Tamar : Je pense que ton roman doit être publié ! Et sans honte. D’ailleurs il y a ce don extraordinaire dans ton livre où tu finis par porter chance à ceux qui t’ont fait du mal…C’est un passage touchant. Et ça démontre qu’il n’y a finalement rien de négatif dans ton regard sur la voyance. Il a été à un moment question de commencer par l’éditer en anglais ?Nathaly : Oui je me suis posée cette question, mais je préfère commencer cette aventure avec un éditeur francophone. Même si une partie de ce récit se déroule à New-York. Là-bas, où il n’y a rien de honteux à être voyant et où les « Psychic Readers » ont pignon sur rue. La lassitude du don de voyanceTamar : Avant je faisais les lignes de la main, et dans le monde du théâtre plein de gens m’interrogeaient sur leur avenir. Plein de gens m’ont dit « Il faut que tu deviennes coach ». Mais ton roman démontre bien comme il est parfois difficile d’être voyante ! J’ai fait un grand travail sur moi-même, j’ai fait de de nombreux thérapies et je médite et je lis beaucoup sur le sujet de l’auto-guérison, bref c’est quelque chose qui me passionne : me réparer et réparer les gens.. je vois leur futur, qui est souvent très positif et je sais toujours si quelqu’un est sur le point de faire le grand changement de sa vie….J’aime donner des bonnes nouvelles aux gens !Mon dernier Thérapeute Hugues Fronteau me demandait souvent si j’avais envie de mettre sur ma carte de visite « Coach à titre gratuit appelable jour et nuit » ou : « actrice mondialement connue »…Cela m’a permis de comprendre que je devais me défaire de tous ces moments au téléphone avec des gens qui avaient besoin de moi pour les rassurer et pour leur donner l’espoir…en même temps j’ai du épuiser beaucoup de gens aussi avec mes questions, car on n’arrive jamais à voir clair pour soi-même n’est-ce pas ? (rire)Nathaly : (rire) Disons que même si un médium voit clair aussi pour lui-même (c’est mon cas), il préfère mettre un voile sur ses visions et vivre sa vie spontanément. Ta phrase précédente m’évoque aussi cette vieille croyance de certains qui disent « Ceux qui ont vraiment un don ne se font pas payer ! Les voyants qui se font payer sont des escrocs» Comme si ceux qui ont un don, un talent hors normes, acteur, peintre, chef d’entreprise…ne devaient pas gagner leur vie avec. Mais toi en tant qu’amie à laquelle plein d’amis posent des questions es-tu parfois toi-même lassée ?Tamar : J’en ai fini avec tout cela, j’ai compris que on a que très peu de vrais amies qui peuvent nous aider quand on est mal.. J’ai fait donc le ménage et ça fait du bien ! (rires) Mes enfants sont aussi mediums.Nathaly : Tu as dû te reconnaître dans mon livre alors ! Tamar : Oui et non.. Dans ton livre je ressens quand même une énorme souffrance pour toi, vis-à-vis de ce que tu as dû vivre en temps réel avec tes clients, ceux qui te payaient pour ta voyance..Nathaly : Il faut beaucoup de patience et d’empathie pour supporter ce don au quotidien.
La tentation d’arrêter le métier de voyanteTamar : Dans ton roman, ton personnage de voyante m’a tant touchée ! Par exemple par le manque de reconnaissance des gens, et aussi cette presque-honte de connaître une voyante. Il y a cette scène où ton personnage Laura se compare un peu à une prostituée.Nathaly : Oui c’est un peu violent d’ailleurs. Comme dans les restaurants où les gens tournent brutalement la tête de peur que je reconnaisse en eux le consultant. Ceux qui m’accompagnent en déduisent « Celui-là je suis sûr qu’il t’a consultée ! ». Alors que jamais je n’aurais l’idée de les apostropher ! Tamar : Beaucoup de voyants ont la tentation d’arrêter ce métier ?Nathaly : Oui certains anciens voyants me disent que plus jamais ils ne reprendront de consultants et changent radicalement de métier. Une de mes meilleures amies excellente cartomancienne a pris une boutique vintage. Beaucoup de voyants me disent que les exigences des consultants sont parfois trop difficiles à vivre. Tamar : oui, J’ai une très bonne amie, ex voyante dans le sud, qui a arrêté la voyance. Et veut aider les gens différemment, par le magnétisme et par la déconnexion par exemple Ceux qui consultent des voyants vont-ils obligatoirement mal ?Tamar : Tellement de gens vont mal, tellement de gens consultent, Il y a maintenant tellement de solutions pour travailler sur soi- en changeant nos vieilles croyances, il y a un véritable explosion de solutions à la souffrance humaine, si on accepte ce qui est (Byron Katie) Des magnétiseurs, des ostéopathes des vrais acupuncteurs.. les massages.. Tout ça pour moi sont des bases clefs pour prendre conscience que corps et âme sont liés et comment les guérir…Nathaly : Tu sais beaucoup de gens considèrent que s’ils consultent un psy ou un thérapeute, il est inutile pour eux d’aller voir un voyant, comme si leurs efforts pour aller mieux étaient incompatibles avec la voyance ! Comme si une démarche « intelligente » était incompatible avec la voyance. Je pense pour ma part que comprendre sa vie et son avenir sont totalement complémentaires.
La voyance influence-t-elle le destin des gens ?Tamar : Mon amie, ancienne voyante dans le sud, pense que quand on dit des choses aux gens on les rend dépendants et influencés par les prédictions.Nathaly : Je n’ai pas du tout cette analyse là sur la voyance. Je reste convaincue que mes consultants font ce qu’ils ont envie de faire, ils suivent leur instinct, leur cœur, mais certainement pas les alertes de leur voyante.
Tamar : Mais tu as tort !! Les gens prennent tes mots TRES au sérieux ! Et que dis-tu aux gens qui n’ont pas la patience d’attendre que tes prédictions se réalisent ?Nathaly : Je ne sous-estime pas le poids de mes mots, bien au contraire, je les choisis toujours avec une grande précaution. Pour mes consultants impatients face à la lenteur du destin, je leur dis de laisser le temps au temps. Je prends garde à ne pas créer de dépendance à la voyance. Bien entendu, il y a des addicts , des gens qui dépensent des sommes astronomiques sur des sites audiotel de voyance. Mais ces gens-là ne me consultent pas. Je les préviens an amont : « Je suis là pour vous dire ce qui va se passer, et non pas ce qui devrait se passer pour que vous alliez mieux, ou ce que vous aimeriez qui se passe…». Les addicts à la voyance me trouvent trop cash, pas assez conciliante. Un peu à l’image du personnage principal de mon roman finalement Une vie après la voyance ?Tamar : Tu envisages d’arrêter la voyance ?Nathaly : Arrêter non. Cela me semble compliqué et je trouve encore beaucoup d’enthousiasme à exercer la voyance. Disons que j’oscille entre de profonds moments de ras le bol et des périodes d’euphorie. Mais aujourd’hui j’annonce encore fièrement aux gens « Je suis voyante ». Mais je pense que l’intuition ouvre des possibilités sur de nombreuses professions. La voyance, un peu comme le Droit, peut mener à tout. Tamar : Il y a aussi une superbe histoire d’amour dans ce livre, une histoire rédemptrice.Nathaly : Oui ce livre est aussi une grande déclaration d’amour.Tamar : C’est clair que tu es une vraie romancière. Ton livre sera lu par beaucoup de gens. Un vrai bijou.Il est temps d’arrêter notre conversation, le cimetière ferme, nous nous dirigeons vers la sortie. Je retranscrirai intégralement cette conversation à bâtons rompus, qui parle si bien de la voyance.