Du nil à alexandrie. histoires d'eaux - 7. une reine à mariemont ?

Publié le 04 juin 2013 par Rl1948

Que reste-t-il de ton passage, Ulysse ?
Un vieux chant grec auquel nous avons bu.
Ulysse ! J’aurais tout aussi bien pu
Dire César, Hannibal. Le temps glisse
Lentement sur les rails de leurs exploits (...)

Tout passe.
Tout est passé. Nous sommes encor là
Comme y furent César, Ulysse et la
Reine, laquelle était-ce ? Tout s’efface ...

Liliane WOUTERS,

Que reste-t-il ?

Extrait de État provisoire

  Paris, Ed. Luneau Ascot

   Une reine à Mariemont ?

   Mais bien évidemment, répondront certains d'entre vous : il s'agit de Marie, archiduchesse d'Autriche et infante de Castille (1505-1558), soeur cadette de Charles Quint,


épouse promise, à 17 ans, de Louis II, roi de Bohême et de Hongrie ; et veuve quatre années plus tard.

   Après avoir un temps assuré la régence de son royaume par alliance en tant que jeune reine douairière, Marie de Hongrie - c'est l'appellation sous laquelle elle est désormais plus connue - est mandée par son frère Charles Quint - devenu roi d'Espagne et empereur du Saint-Empire romain de la nation germanique - pour administrer provisoirement nos régions, principauté de Liège exceptée.

Ce qu'elle fera près d'un quart de siècle durant !

   Devenue gouvernante des Pays-Bas espagnols - ainsi étions-nous dénommés à l'époque -, elle reçut de son frère deux domaines en apanage : celui de Turnhout et celui de Binche où parce qu'elle avait obtenu en parallèle le privilège d'y tenir Cour royale elle entreprit de se faire construire un palais dans le plus pur style Renaissance.

   De ce dernier dépendait le territoire giboyeux de Morlanwelz sur le coteau duquel elle souhaita bâtir un pavillon de chasse dominant la Haine, rivière qui donnera son nom au comté de Hainaut, partant, à la province actuelle.

   Vous aurez plus que certainement compris, amis visiteurs, la raison pour laquelle cette petite colline sur laquelle Marie aimait venir chasser et résider prit le nom de Mariemont.

   Une reine à Mariemont ?

   Mais bien évidemment, me rétorqueront d'autres : il s'agit d'Élisabeth de Wittelsbach, duchesse en Bavière (1876-1965) devenue (la plus populaire) reine des Belges par son union avec le roi Albert Ier

   Sur le document ci-dessous datant de 1957, - trois ans avant que le château-musée fût la proie des flammes -, elle est assise à un des bureaux de la riche bibliothèque aux côtés de la Directrice d'alors, Germaine Faider-Feytmans.

   Raoul Warocqué, on le sait, était un proche de la famille royale, et plus particulièrement peut-être de la reine Élisabeth, très admirative de la civilisation égyptienne : en 1911, déjà, elle avait effectué un premier voyage, privé celui-là, avant d'y retourner officiellement en 1922, accompagnée de Jean Capart, ami personnel, aux fins de visiter le tombeau de Toutankhamon tout nouvellement découvert ; sans oublier - je l'ai rappelé dans un article précisément dédié à ce premier grand égyptologue belge - qu'elle accepta de donner son nom à ce qu'il fut longtemps convenu d'appeler la Fondation égyptologique Reine Élisabeth (la F.E.R.E.) - actuellement renommée l'A.E.R.E. (Association égyptologique Reine Élisabeth).

     Et puisque l'actualité récente m'y autorise, j'épinglerai également - parmi les nombreuses "passions" à l'actif de cette souveraine d'exception - qu'amie du grand violoniste liégeois Eugène Ysaye, elle instaura un - maintenant unanimement considéré comme redoutable - concours de violon, d'abord, de piano ensuite (CMIREB - Concours musical international reine Élisabeth de Belgique), dans le but de promouvoir de jeunes musiciens ; manifestation annuelle portant évidemment son nom, réservée ce printemps 2013 à la session piano, 

remporté par l'Israélien Boris Giltburg et dont le deuxième prix, lors de la proclamation des résultats, samedi soir un peu avant minuit, fut attribué au benjamin du concours, le Français, Rémi Geniet.

   Une reine à Mariemont ?

   Mais bien évidemment, ajouteront d'autres : la comtesse espagnole Fabiola di Mora y Aragon (1928) - précisément la vieille dame que vous venez de voir saluer le public du haut de la loge royale du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, au tout début de la vidéo du palmarès que j'ai proposée à l'instant, - devenue reine des Belges par son union avec le roi Baudouin qui, le 8 octobre 1975, quatre ans après la fin de construction du musée que vous apprenez à connaître en ma compagnie, quinze après l'incendie qui avait ravagé le château Warocqué, vint à Mariemont

pour inaugurer le tout nouveau bâtiment imaginé par l'architecte belge Roger Bastin dans ce domaine qui avait successivement connu la résidence de chasse de Marie de Hongrie, le château des archiducs Albert et Isabelle, celui, complètement reconstruit dans le goût du temps, du prince Charles de Lorraine, gouverneur des Pays-Bas (devenus autrichiens depuis 1714) au début de la seconde moitié du XVIIIème siècle et, enfin, après la Révolution française qui le laisse en ruines, celui que rebâtiront et aménageront les membres de la famille Warocqué ...

   La reine Fabiola, en 1975, devant un tableau représentant le château de Charles de Lorraine à Mariemont.

   Une reine à Mariemont ?

   Tous, vous avez eu raison, amis visiteurs, de citer ces souveraines successives.

Mais en réalité, ce n'était pas à elles que je pensais.

C'est dans l'Antiquité, égyptienne évidemment, que je souhaitais vous emmener.

Et plus précisément encore, cela me paraît s'imposer, à Alexandrie, pour y admirer cette beauté de pierre, cette reine au doux et énigmatique sourire, parèdre d'un époux qui est demeuré au pays, là-bas, en bordure de Méditerranée.

     Qui est-elle ? Et que diantre fait-elle ici, seule, à Mariemont ?

     Voilà ce que je me propose de vous faire découvrir, lors de quelques prochains rendez-vous que je vous fixe au deuxième étage de ce Musée, notamment le mardi 11 juin, pour autant que l'histoire de cette belle étrangère vous intéresse.

   Ou, plutôt, pour autant qu'enquête à son sujet vous intéresse ...