C'est à Rennes que les CRS viennent apprendre à dominer le stress, à doser l'usage de leurs armes et à intervenir sous l'oeil des caméras, afin d'être formés aux émeutes urbaines. 3 semaines d'une formation intensive destinée aux chefs de groupe (5 ou 6 hommes) et de section (3 ou 4 groupes).
L'art du CRS est celui de la mesure : bien doser le « GTPI », le « geste technique professionnel d'intervention ». Retenir parfois son « tonfa » (le bâton à poignée latérale) et autres attributs. Pour immobiliser, ne pas abuser du « blinitz », cette boule de pâte qui vous arrive tel un coup de poing. Pour se désencercler, ne pas gaspiller de « DMP », la grenade aux dix-huit patins de caoutchouc. Ne pas forcer non plus sur les lacrymos... La crainte permanente, c'est l'accident. La bavure.
Pour être CRS, il faut bien sûr aimer l'ordre et être prêt à l'affrontement physique. Mais quarante années ont passé depuis Mai 68. Aujourd'hui, en banlieue, des CRS souvent bacheliers affrontent des adolescents, voire des enfants, entre 22h et 3h du matin. L'un d'eux raconte Villiers-le-Bel :
"Les jeunes nous ont attirés dans la cité et on s'est fait tirer dessus ! Vous vous dites «ce n'est pas possible». On a eu une quinzaine de blessés dans notre compagnie de CRS. On n'a pas pété les plombs : dans quel autre pays voit-on ça ?"