Franchement, je vais vous dire, personne, jamais, n’échappe à son destin. Lorsque j’ai démarré ce blog, j’avais juste l’idée de partager mes articles entre mes différentes passions et autres pôles d’intérêt. Ayant acquis la grande collection consacrée à l’oeuvre de mon père, j’imaginais bien développer 30 à 40% des séquences, au maximum, aux héros de papier qui ont bercé toute ma vie. Pas plus.
C’est vrai que le conflit toujours ouvert avec l’entourage de mes parents génère une certaine colère qui, parfois, me monte au nez et vient guider mon stylo. Mais, vous allez voir que je dois aller jusqu’au bout de mon histoire, je n’ai pas le choix. … Karma, prédestination, forces invisibles, je ne sais pas qui s’est occupé de moi le week-end dernier, mais honnêtement, c’est du harcèlement ! Je vous raconte.
Je pars passer trois jours à Verone, tranquille, balades dans la ville (sous la pluie, comme partout), visite des églises, théâtre romain, les arènes… Déjà, je souris. Mais, compte tenu de la météo qui trempe mes Ugg, le samedi, on prend une voiture en direction de Vincenza (Vicence) dont j’ai toujours entendu parler comme d’une charmante ville de Vénétie. Là, les parfums de mon enfance sont remontés à la surface sans prévenir. Il faut vous dire que dans mon sang ne coule que la terre d’Italie. Et quand je dis Italie, c’est plutôt la Vénétie. Trois de mes quatre grands-parents sont Vénètes, l’un de Verone, l’autre de Vincenza, le troisième de Piovene Roquete (Uderzo), la quatrième, Iria, étant de La Spezzia. Mais, si ce n’était que ça, que la nostalgie, eh bien, non !…
Comme si cela ne suffisait pas, dans le Corso Palladio, artère pourtant piétonnière de Vincenza, un bus passe sous mon nez… Il s’arrête à trois mètres de moi ! Non, ce n’est pas vrai ! Entièrement habillé aux couleurs de l’opération AstérixMania ! Je me suis assise sur un bout de trottoir, j’ai sorti un kleenex et je me suis frotté les yeux : à ma droite, une salle de cinéma proposait son programme de la semaine : Astérix et Obélix, Au service de sa Majesté…
Mais le grand cuisinier de l’univers n’avait pas dit son dernier mot pendant ce week-end. Dans la première librairie dans laquelle je rentre à Verone (il y a beaucoup de librairies en Italie, ça c’est bien, non ?), je tombe sur un livre d’un grand photographe italien signé du nom de l’un de mes grands-pères, Giuseppe Milani… À Vincenza, pas loin de la Place des Seigneurs, une plaque commémorative témoigne qu’un Giuseppe Fontana a vécu là, du nom de jeune fille de ma grand-mère maternelle…
Au final, je me suis dit que j’étais plus italienne que française, même si je ne possède pas la langue de Dante comme celle de Balzac et que le héros gaulois imaginé graphiquement par mon père a bien plus de sang transalpin que de sang breton. Il est vrai que les Vénètes ont débarqué à Vannes en Bretagne, il y a bien longtemps. Vous voyez, tout est dans tout ! Et moi, j’aurais du mal à m’en sortir…
Pour finir avec ces croisements qui ne sont jamais le fruit du hasard, il faut vous dire que l’un des premiers héros imaginés par le grand auteur qu’est mon père, Belloy, le chevalier sans armure, est lui aussi directement influencé par nos origines italiennes et plus spécialement Vénètes.
Une légende circule, en effet, dans la famille, depuis bien longtemps sur l’origine du nom Uderzo. L’histoire remonterait au 5ème siècle après J.-C., lorsque les Barbares envahirent la Vénétie, tuant et détruisant tout sur leur passage. Une ville de Vénétie, Oderzo, dont le nom latin était Opitergium, n’échappa pas au massacre. Les survivants fuirent et se réfugièrent dans les nombreuses lagunes de l’Adriatique et finirent pas construire la fameuse cité lacustre…. Venise ! Seuls, m’a-t-on toujours raconté, un vieillard et un bébé furent retrouvés vivants sur la place du village, après le départ des Barbares. Et comme le vieil homme ne connaissait pas le nom de l’enfant, il décida de l’appeler du nom de la ville, Oderzo… Et ce serait l’origine de mon nom de jeune fille. Or, c’est exactement le « pitch », comme on dit aujourd’hui, des premières aventures de Belloy, à l’époque écrite et dessinée par Alberto Uderzo, il mio papa…
Bon, la prochaine fois, j’irai en Chine, là au moins…
Allez ciao
Silvia