Après un pur printemps bien pourrave, après un mois de mai juché de ponts où on ne pouvait rien faire d’autre que d’observer la pluie tomber inexorablement et/ou regarder les statuts de réseaux sociaux où nos friends se plaignent de ce foutu temps – d’ailleurs, avec ce froid, j’attends le pic de natalité en France en février 2014 –, juin revient avec ses rayons. Certes, ce n’est pas encore la canicule que l’on attendrait, mais cela fait longtemps qu’on n’a pas eu le thermomètre à 20°C à Paris. Et rien que ça, ça fait zizir. Comme me disait ma mère ce week-end : J’en ai marre de laver des pulls.
Et il semblerait enfin que la période ensoleillée que nous connaissons depuis le 1er juin soit bien partie pour durer, yeaaaaaaaaah (enfin, après vérification par MétéoFrance, pas forcément le soleil, mais enfin des températures à peu près conformes aux normales saisonnières, c’est-à-dire au-dessus de 20°C). Enfin, les cafés en terrasse ! Enfin, les pique-niques aux Buttes Chaumont ! Enfin, rentrer en Vélib’ à la maison le soir ! Enfin, porter des robes avec des sandales et sans collants ! Des choses qu’on ne pouvait plus se permettre de faire depuis septembre, mais qu’on aurait dû faire depuis avril !
Et comme je me réjouis de ce retour d’apports naturels en vitamine D, je vous ai préparé dix petits titres en l’honneur de l’astre diurne. Certains titres seront doux comme une caresse de rayon, d’autres kitschouilles comme des lunettes de soleil en forme de cœur. Mais joie de vivre, diantre !
Nicoletta, Il est mort, le soleil
Cette chanson, on a dû la chanter tout le printemps, tant les prévisions météorologiques nous y ont fait croire. Outre le caractère dramatique de la chanson originale, portée par la voix rauque et suppliante de Nicoletta :
… oh pardon Madame, mais je viens de perdre un tympan, là…
… je disais donc, outre le caractère dramatique de la chanson, cette histoire de couple qui s’éteint est comme une déprime saisonnière dûe aux carences en vitamine D. Mais ce n’est pas non plus la peine d’assourdir vos voisins de la sorte.
Bill Withers, Ain’t no sunshine
Dans le même genre que précédemment, mais quand même en un peu plus classe, l’absence de soleil rappelle et symbolise l’absence de l’être aimé. Sauf qu’à la place de la supplication, tel que précédemment, nous avons ici un bel exemple de la réaction d’un mec qui s’enfonce dans le noir : c’est morne, mais c’est très discret. Et quarante ans après, ça reste toujours aussi classe.
The Beatles, Here comes the sun
J’aurais pu aussi vous servir la version de Nina Simone :
Tout ça pour dire que Little Darling, it’s been a long and lonely winter n’a jamais été aussi adapté à la situation que nous connaissons actuellement. De même que The smile’s returning to the faces. Bref, cette chanson est toute à la célébration du retour de l’astre qui augmente le taux de mélanine dans notre épiderme et ses effets. Bref, le retour du soleil, c’est le retour de la joie dans les cœurs. Mais il faut dire aussi que George Harrison commençait à être légèrement perché à l’époque, ce qui ne veut pas dire que la chanson en est moins belle.
Rammstein, Sonne
Pour la version allemande de la chanson précédente, les ex-Allemands de l’Est ont choisi, non pas de célébrer le soleil en faisant une chanson à l’univers lumineux – ce serait trop demander, pour eux –, mais d’accoler leur univers dark à des paroles telles que 1 ! Voici le soleil… 2 ! Voici le soleil… 3 ! C’est l’étoile la plus brillante d’entre toutes… Comme à chaque fois, on a l’impression qu’ils chantent des paroles incitant à la haine raciale, mais non, ce sont des paroles très jolies qui parlent de magie et de fleurs. Sans déconner.
Laurent Voulzy, Le soleil donne
Outre le fait que j’idolâtre Laurent Voulzy depuis que je suis en âge de chanter, j’ai toujours aimé cette chanson qui me paraissait obscure du fait des passages en anglais et en espagnol. Et puis j’ai redécouvert cette chanson avec la Siamoise, elle-même grande fan de Lolo, quand j’ai découvert qu’effectivement, le soleil donnait la même couleur aux gens, en tout cas à nous deux en particulier. De surcroît, c’est devenu une des preuves tangibles de notre amitié.
Queens of the Stone Age, My God is the Sun
Issu du dernier album sorti aujourd’hui lundi 3 juin 2013, ce morceau est lourd et lascif comme l’ensoleillement de la Vallée de la Mort. Lourds comme le soleil qui cogne sont les coups de batterie portées par Daaaaaaaaaave (Grohl), le seul mec que rien que sa présence à moins de 200m me provoque des contractions ovariennes spontanées (testé en 2009 à ReS). Lascifs comme un mirage en plein désert sont les riffs de guitare. Bref, un morceau qui se déguste frappé sous la (future) chaleur estival (enfin, on espère).
Finley Quaye, Shine
Force est de constater que le retour de Finley Quaye, dont je me réjouissais au mois de janvier, s’avère être au final un feu de paille. Ne reste que cette chanson, comme perdue dans les limbes. Pourtant, cette voix, cette mélodie, cet air guilleret avait tout pour faire croire au soleil en pleine nuit. Il faut croire que ça n’a pas suffi pour permettre Finley Quaye de se refaire une place au soleil.
Mano Negra, Soledad
La bande des frères Chao a su allègrement accompagner nos envies de Sud et de fiestas à la fin des années 1980 avec forces trompettes d’inspiration mariachi, rythmes tropicaux et/ou festifs et claviers coulants. Le fait d’en plus intégrer des paroles dans la langue de Cervantès vient couronner le tout. On se croirait déjà en vacances au Sud-Ouest.
Nana Mouskouri, Soleil soleil
Reprise récemment par Lara Fabian, cette chanson d’une fille du soleil – puisque, rappelons-le, Nana est grecque – est tellement cucul qu’on la dirait chantée par Barbara Cartland, qui compensait quant à elle ses carences en vitamine D inhérente à son habitat en Grande-Bretagne par un univers rose bonbon des plus effrayants. Honnêtement, le soleil n’en méritait pas tant.
Au p’tit bonheur, J’veux du soleil
Dans la même veine que les Négresses Vertes ou la Mano Negra, la fin des années 1980 et le début des années 1990, pas mal d’artistes et de groupes ont tenté leur chance sur le registre chanson populaire avec gouaille parisienne qui rappelle le Sud. Malheureusement pour Au p’tit bonheur, leur chanson est vite devenue l’archétype du Français ronchon contre les conditions météorologiques que j’ai eu copieusement envie de taper tout le mois de mai. Au point qu’aujourd’hui, on attribue au choix la chanson aux Négresses ou à la Mano. Dommage.
Bref, on se détend enfin, le soleil est la chaleur arrive. En attendant l’été avec les festivals et les danses à occuper le temps dans les boîtes de camping, invoquons l’astre diurne pour qu’il persiste enfin à occuper le territoire français.