Invitée par le dynamique Esprit Y’en A Marre de Bordeaux, la Rédaction de Senenews leur consacre sa semaine avec des interviews audio et vidéo pour comprendre leur analyse et leurs projets.
Quel parcours ! L’histoire de Y en A Marre est un véritable conte de fées. Je connaissais la face tragique de l’Histoire. Cette face sombre et dramatique qui nous aura arraché beaucoup de frères et sœurs tombés sur le champ d’honneur du combat contre l’arbitraire. Mais heureusement que l’Histoire peut aussi nous réserver de facétieuses, réjouissantes et surtout prometteuses surprises. Le parcours de ce Mouvement de jeunes dans une société tenue fermement par des vieux ne cesse de m’émerveiller. Je crois bien que c’est sans précédent dans l’Histoire politique sénégalaise. Avouez que obliger Laurent Fabius, le Ministre des Affaires Etrangères français et le milliardaire Georges Soros, à sortir des hôtels feutrés et douillets pour enjamber pneus crevés, routes défoncées et maisons inondées, à pénétrer dans le cœur des Parcelles Assainies à la rencontre des leaders de ce mouvement, est une prodigieuse prouesse politique dont tout sénégalais pourrait être fier. Mais ils vous diront, aussitôt, avec une lucidité extrêmement précoce, qu’ils n’ont pour projet que d’œuvrer avec et pour les sénégalais.
Né dans le désespoir d’une société privée de lumière par une gestion étatique catastrophique, ce Mouvement aura connu une ascension prodigieuse, servi par une Histoire politique nationale dont l’accélération en une année, entre 2011 et 2012, aura été l’une des plus vertigineuses qu’il m’aura été donné de voir.
Pendant les innombrables nuits où le noir sera leur plus fidèle compagnon. Quand la lumière promise aux enfants souffrant dans les hôpitaux s’en ira éclairer les descendants des tenants du pouvoir. Alors que les âmes s’enfuyaient au plus vite des cadavres pourrissant dans des morgues privées d’électricité. Une bande de jeunes marginaux, qu’une culture militante acquise depuis le collège, n’aura jamais quitté, va rêver, refuser la fatalité, s’engager et réussira à introduire un nouveau paradigme politique dont l’efficacité redoutable aura eu raison des prétentions monarchistes de l’ancien président Abdoulaye Wade et mettra sous surveillance définitive tous les politiciens du pays.
Principaux artisans de la violente manifestation du 23 juin 2011 qui ébranlera les fondements du régime du Président Wade et marquera le début de la reprise en main démocratique par la jeunesse sénégalaise, ce mouvement ne cesse de démontrer qu’il est loin d’être une sorte de mouvement d’humeur passager.
Assumant leur responsabilité dans le départ de Wade, ils ont la sagesse de ne point se limiter à cette victoire. Conscients de l’ampleur du désastre moral, social et politique du pays, ils creusent le sillon de la rupture dans les pratiques et habitudes pour faire émerger ce NTS (Nouveau Type Sénégalais) dont ils ont su entendre la craintive et suppliante voix qui attend d’éclore.
Investis de la confiance et de la légitimité nouvelle que les sénégalais et l’opinion internationale leur prêtent, ils multiplient projets et initiatives en tous genres pour mettre en valeur le génie sénégalais dans le respect et la valorisation de l’environnement, dans une citoyenneté active et responsable, dans une démarche panafricaine réelle et décomplexée, pour un développement enraciné dans les valeurs africaines mais ouvert au monde dans sa diversité.
En organisant, ce week end, dans la capitale française son « Forum des Esprits Y en A Marre d’Europe », ses leaders démontrent aussi une stratégie d’influence et de transformation en force sociale créatrice de culture et de progrès. Et il est vrai que l’influente Diaspora sénégalaise et ses relais nombreux peuvent être de fiables et efficaces partenaires pour peu qu’ils comprennent davantage les tenants et aboutissants d’un mouvement dont la médiatisation soudaine et excessive avait voilé le propos. Un mouvement qui devra être vigilant à incarner, au-delà des discours, l’éthique personnelle et collective qui fera émerger ce NTS.