Extrait
d’un entretien avec Jean Louis Kuffer (source)
Vous souvenez-vous de votre premier acte qui puisse être dit
«créateur» ?
- Ce furent d’abord des envies de traduire. Du grec ancien (L’éloge d’Hélène), de l’allemand (Kafka,
Hofmannsthal)... Mon goût d’écrire s’est éveillé moins à l’appel des textes qu’à
celui du monde. J’ai fait ma petite classe d’écriture, cahin-caha, en écrivant
des chroniques de la poésie dans Suisse
contemporaine, entre 1942 et 1945. J’essayais d’être à la hauteur des
circonstances. J’attribuais sans doute trop de pouvoir à la poésie.
Y a-t-il à vos yeux, malgré les formes d’expression variées, un «noyau» central
commun à l’expression artistique ?
- Je tente plutôt d’écouter le son particulier de chaque voix, de percevoir le
caractère particulier de la relation au monde et à autrui que chaque œuvre (ou
groupe d’œuvres) établit. Nous unifions aujourd’hui sous la notion moderne
d’art, des manifestations dont l’intention était très diverse: magique,
religieuse, fonctionnelle, didactique, ou dégagée de toute finalité.