Bruno Pédurand
Les enfants duPère Labat
La base est un miroir de deux mètres de diamètre . Sur ce miroir,il y a cent vingt têtes en plâtre. Ce sont des têtes moulées à partir d’une tête de baigneur en celluloïd .Il y a les cinquante – quatre drapeaux des pays du continent africain.
Je veux, dit Bruno Pédurand, au travers d’un objet qui fait référence de façon quasi universelle à l’enfance, évoquer la genèse des sociétés coloniales. On dit dans le vaudou haïtien que les Loas représentent les Nations africaines mais le mot nation dans ce contexte ne renvoie pas au concept d’état-nation tel que le conçoit l’Occident mais plutôt aux ancêtres africains. Le titre fait référence de manière grinçante à un homme illustre dans les colonies, Le Père Labat et plus particulièrement à ses fameuses campagnes anti superstitieuses qui avaient pour objectif avoué de faire disparaitre tous les objets et toutes les pratiques importés d’Afrique.
Dans beaucoup de pays de l’Afrique de l’ouest le blanc est la marque du deuil et on peut voir ses petites têtes blanches comme autant d’évocations (voire d’invocation) des ancêtres africains irrémédiablement disparus. Je pourrais paraphraser Bob Marley qui dans une de ses chansons parle de brain wash éducation. Je travaille sur les possibles qu’autorise le sentiment de perte