Imaginez, nous sommes dans la fin des années 30, en Crête. Là-bas, se développe une épidémie de lèpre, cette maladie qui attaque les terminaisons nerveuses et se développe lors de contacts étroits et durables entre les personnes. Pour protéger les populations de la contagion, l’île de Spinalonga, située au Nord de la Crête, devient le lieu d’hébergement de tous les malades.
Avec l’apparition des premières traces sur les corps, le départ pour cette destination devient inéluctable. S’organise alors le départ pour une destination inconnue (personne n’en est encore revenu sauf les médecins qui font les allées et venues mais sont avares en discours), une île inconnue, des êtres inconnus (qu’il s’agisse d’Athéniens, de Crétois ou autres, tous les malades sont priés d’y élire domicile).
C’est ce que Victoria HISLOP nous livre dans ce très beau roman.
Le côté historique de l’affaire n’est pas pour me déplaire bien sûr. L’île de Spinalonga, colonie grecque, a ainsi été de 1903 à 1957 une léproserie, territoire à l’abri de l’occupation allemande pendant la 2de guerre mondiale du fait de l’épidémie.
Le plus important me semble encore le côté romancé de l’histoire. Victoria HISLOP ne nous livre pas ce passé brut de béton. Non, bien sûr ! Elle use d’un subterfuge singulier et emploie le personnage d’une jeune femme, anglaise, de 25 ans, diplômée en Archéologie, en quête de ses origines, pour nous faire découvrir la Crête et l’île de Spinalonga. C’est au final toute une saga familiale qui nous est livrée pour notre plus grand plaisir.
Mais, plus encore, ce sont les relations humaines qui m’ont captivée : avant le départ des lépreux sur l’île, la cohabitation entre les sains et les malades d’une part, et sur l’île de Spinalonga d’autre part. Avant le départ, vous imaginez aisément la situation dans laquelle se trouvent les hommes, il y a ceux qui préservent les relations d’amitié et ceux qui les dénoncent, ceux qui excluent et ceux qui protègent. Et comme chaque société a besoin d’établir des règles de vie en communauté pour ne pas sombrer dans l’anarchie, la communauté de lépreux n’échappe pas à ce principe. Ainsi, sur l’île de Spinalonga, s’organise la vie. Il y a ceux qui gouvernent, ceux qui éduquent, ceux qui soignent… Ce roman est un condensé de tout ça, il est empreint d’une très grande humanité et milite contre l’exclusion, c’est ce qui m’a le plus touchée !
A lire absolument !
Annie